SFR : Un patron qui rêve de refouler les syndicats09/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/12/une2158.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SFR : Un patron qui rêve de refouler les syndicats

Afin de limiter la représentation syndicale, l'opérateur de téléphonie SFR a diminué le nombre de comités d'entreprise. Il n'en existe plus qu'un pour tout son service clients à l'échelle nationale.

À cette échelle, le syndicat Sud n'a obtenu que 4,9 % des voix, restant donc bien en dessous du seuil de 10 % fixé par la loi du 20 août 2008 sur la représentativité syndicale. Sud reste cependant représentatif à l'échelle du site de Massy-Palaiseau (Essonne) puisqu'il a près du double des voix nécessaires. Mais là aussi, la direction de SFR le conteste en utilisant cette fois un tout autre argument : Sud ne pourrait pas être reconnu car, selon SFR, il ne respecterait pas les « valeurs républicaines », autre critère fixé par la loi de 2008. SFR a ainsi attaqué Sud devant le tribunal d'instance de Longjumeau dont dépend le site de Massy, qui doit rendre son jugement le 22 janvier prochain.

Selon l'avocat de SFR, le « socialisme autogestionnaire » dont se revendique le syndicat Sud est « un courant politique dont les principes sont en tous points contraires aux valeurs républicaines », car « c'est la négation de l'employeur et de la liberté d'entreprendre ».

À ce compte-là, la confédération CGT serait elle aussi éliminée puisqu'elle déclare, dans ses statuts, oeuvrer « pour une société démocratique, libérée de l'exploitation capitaliste et des autres formes d'exploitation et de domination ». Quant à Force Ouvrière, issue d'une scission de la CGT, elle affiche au moins dans ses statuts une opposition encore plus marquée à la société actuelle puisqu'elle y a conservé les principes qui étaient ceux de la CGT à l'origine, déclarant regrouper « toutes les organisations composées de salariés conscients de la lutte à mener contre toutes les formes d'exploitation, privées, d'État, pour la disparition du salariat ». Même la CFDT serait, elle aussi, suspecte puisqu'elle déclare agir « pour une société démocratique, libérée de l'exploitation capitaliste et des autres formes d'exploitation et de domination ».

Alors pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Le délit de coalition ayant pour effet l'interdiction des syndicats avait été institué par la loi Le Chapelier du 14 juin 1791, l'année précédant l'instauration de la République, pour n'être abrogé qu'en 1864. Cette loi affirmait aussi que « tous attroupements composés d'artisans, ouvriers, compagnons, journaliers, ou excités par eux contre le libre exercice de l'industrie et du travail (...) seront dissipés par les dépositaires de la force publique ».

L'interprétation des « valeurs républicaines » à la manière de SFR conduit tout droit à son rétablissement.

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