Au congrès CGT : L'orientation de Thibault ne passe pas si facilement09/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/12/une2158.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Au congrès CGT : L'orientation de Thibault ne passe pas si facilement

Malgré le soigneux filtrage opéré par les hommes de l'appareil, la contestation des choix de la direction de la CGT dans la récente période s'est fait entendre à son congrès réuni à Nantes. Au-delà même de celle, attendue, de Jean-Pierre Delannoy, secrétaire de la fédération de la métallurgie du Nord.

Cette contestation s'est exprimée au travers du vote du rapport d'activité, certes approuvé par 77 % des votants, mais qui a été refusé par plus de 22 % des participants à ce vote, près de 30 % si on y ajoute ceux qui se sont abstenus. La contestation s'est manifestée aussi dans la salle du congrès. Par des applaudissements nourris quand un intervenant évoquait des luttes qui avaient marqué l'opinion ouvrière, comme celle des travailleurs de Continental, qui n'avait guère, c'est le moins que l'on puisse dire, été approuvée et soutenue par la direction de la CGT. Mais aussi par certaines interventions, comme celle d'une déléguée des chantiers navals STX de Saint-Nazaire (ex-Chantiers de l'Atlantique) qui a expliqué, faisant allusion aux journées d'action du printemps 2009, « en janvier nous étions dans un conflit offensif qui a ouvert des espoirs. Six mois plus tard, nous sommes retombés dans un conflit défensif ». D'autres interventions étaient de la même veine.

Sans doute, comme se plaisent à le dire les partisans de la majorité, ces propos discordants ne traduisent pas une contestation homogène, structurée.

Mais ils expriment pour le moins un malaise, certainement bien plus profond que celui qui s'est fait entendre dans le public tamisé réuni à Nantes, qui existe à la base, mais aussi chez les travailleurs.

Cela n'empêchera pas la direction qui va sortir de ce congrès, autour de Bernard Thibault qui postule à son quatrième mandat, de poursuivre son entreprise de « recentrage » de la CGT pour reprendre une expression dont les journalistes sont friands. Ce congrès va sans nul doute sanctionner cette évolution, engagée bien avant que Thibault ne prenne les rênes de la confédération, vers ce syndicalisme dit « de concertation », rejoignant ainsi la CFDT de Chérèque et FO de Mailly, qui n'ont pas l'air réjoui de voir un nouveau venu leur disputer le rôle de favori dans les négociations, y voyant sans doute plus un concurrent qu'un allié.

Cette évolution de la CGT qui ne date pas d'aujourd'hui va donc se poursuivre. Mais il est significatif, et c'est une bonne chose, que de telles voix se soient fait entendre. Elles répercutent en effet les inquiétudes, et sans doute même l'envie d'en découdre, d'une fraction de la base du syndicat, et au-delà d'une fraction de la classe ouvrière. Celle-ci ressent bien que, face à la véritable guerre sociale dirigée par le gouvernement et le patronat contre le monde du travail, l'heure n'est pas à la concertation à la mode des Chérèque, Mailly et Thibault, mais aussi à la mode de Sarkozy. L'heure est à la défense pied à pied des conditions d'existence de la population laborieuse, tous ensemble, avec la même détermination que celle de ses adversaires, le gouvernement et le patronat, pour essayer de lui faire payer la crise.

Partager