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Leur société
Crise économique : Pendant que le chômage explose, satisfaction au sommet
« Je suis contente avec 0,3 % de hausse du produit intérieur brut au troisième trimestre. On réédite le même exploit qu'au deuxième trimestre. Ça me confirme dans l'idée que notre économie a vraiment pris le tournant de la reprise. » C'est ce que déclarait encore à la mi-novembre la ministre de l'Économie, Christine Lagarde.
Ce discours est celui que tiennent, avec ici ou là des nuances de prudence, de nombreux ministres, économistes, journalistes, prétendant que pour l'essentiel la crise serait derrière nous. Et puis voilà que, le 26 novembre, le ministère de l'Économie a annoncé qu'au mois d'octobre le nombre de chômeurs avait progressé de 2 % par rapport au mois précédent, avec 52 200 personnes en plus et au total 25 % d'augmentation en un an.
Cela ferait environ 2,6 millions de chômeurs, selon le ministère et la direction de Pôle emploi.
Mais ces chiffres sont archi-contestables. D'abord parce qu'il existe officiellement cinq catégories de chômeurs, de A à E. Seule la catégorie A est annoncée, avec ses 2,6 millions de personnes. Or un chômeur n'ayant travaillé qu'une seule journée au mois d'octobre ne figure pas dans le chiffre annoncé. Si on tient compte de toutes les catégories, ce n'est plus 2 627 300 chômeurs, comme le dit le ministère, mais 4 287 400, chiffre tout aussi officiel, mais qui laisse encore de côté de nombreux radiés de Pôle emploi, dont certains sont en réalité des chômeurs, les érémistes, dont la plupart ne sont pas inscrits, les seniors de plus de 55 ans qui ne trouvent plus d'emploi et tous ceux des départements d'outre-mer.
On est donc aux environs de cinq millions, sans même tenir compte de ceux qui sont à mi-temps ou tiers de temps sans l'avoir souhaité, et qui sont donc des chômeurs partiels comptés nulle part. Et ce total ne cesse de grimper.
Devant les chiffres publiés, la ministre de l'Économie a déclaré que ce résultat, après « cinq mois de hausse plus contenue, reflétait la poursuite des effets de la crise sur le marché du travail ». Ainsi on sortirait de la crise mais « les effets de la crise » se poursuivraient. Comprenne qui pourra. Et la ministre de conclure que « la tendance à la dégradation de l'emploi devrait se poursuivre quelques trimestres ».
Les travailleurs vont donc continuer à payer pour cette crise provoquée par le fonctionnement aberrant du système capitaliste, et qui va continuer à s'approfondir en dépit de l'optimisme de commande de Lagarde. Car si cela va mieux, ce n'est que pour les capitalistes, alors que c'est de pire en pire pour les travailleurs.