Sommet de Copenhague : Les principaux responsables ne veulent pas payer09/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/12/une2158.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Sommet de Copenhague : Les principaux responsables ne veulent pas payer

Avec l'ouverture du sommet de Copenhague sur le dérèglement climatique, un véritable déluge de pronotics catastrophistes et de bons sentiments écologistes s'est déversé ! Il y a pourtant fort à parier que cette 15e conférence internationale de l'ONU n'aura pas plus de résultats que les précédentes pour ce qui est de limiter notablement l'augmentation du taux de CO2 dans l'atmosphère, responsable au moins en partie du réchauffement climatique.

Car les chefs des grands États industriels n'ont pas davantage qu'auparavant l'intention d'imposer de véritables mesures contraignantes à leurs capitalistes respectifs, qui sont de loin les principaux responsables de l'augmentation de la concentration des gaz à effet de serre.

L'une des questions en débat, avant que la conférence ne s'ouvre, est de savoir sur quels pays reposera l'effort financier et industriel pour réduire les émissions de CO2. Les principaux pays développés, et surtout les États-Unis, veulent faire supporter cet effort par les pays dits émergents, autrement dit les pays pauvres. Cette volonté de présenter une partie de la note de la pollution atmosphérique aux pays pauvres est indécente.

En effet, dans les années à venir, des centaines de millions d'habitants de ces pays risquent d'être plongés dans une misère plus grande encore que celle qu'ils connaissent aujourd'hui, justement du fait du réchauffement climatique.

L'un des arguments utilisés par les porte-parole des grandes puissances serait que ces pays émergents ont et auront de plus en plus leur part dans les émissions de gaz à effet de serre, du fait de leur choix de vouloir se développer.

On incrimine entre autres la déforestation incontrôlée dans les zones tropicales du Brésil, d'Asie ou même d'Afrique, ainsi que le développement économique de l'Inde ou de la Chine. La Chine est devenue, c'est vrai, le premier émetteur de CO2 avec 6,1 milliards de tonnes par an (contre 5,75 pour les États-Unis et 3,9 pour l'Union européenne). Mais ses émissions ne représentent que 4,7 tonnes par habitant, contre 6,7 tonnes de moyenne mondiale, 18,9 tonnes pour un Américain ou 8,9 tonnes pour un Européen. Celles d'un habitant de Côte d'Ivoire ne dépassent pas, elles, 0,4 tonne par habitant !

Et si l'on considère les émissions par habitant cumulées de 1850 à 2005, celles de la Chine sont estimées à 93 tonnes par habitant contre 328 tonnes pour les États-Unis. Or l'accumulation des gaz à effet de serre dans l'atmosphère a commencé avec les débuts de la révolution industrielle. La responsabilité des capitalistes des pays riches est donc écrasante : directement d'abord, à cause de leurs industries dont ils n'ont pas cherché à contrôler les effets polluants. Ils portent, de plus, des responsabilités dans la pollution atmosphérique causée par les transports. Ceux-ci concernent pour leur grande majorité les déplacements pour le travail, et les salariés ne sont pas responsables de l'insuffisance des transports en commun qui les contraint à utiliser leur voiture, ou bien du coût prohibitif du logement qui les contraint à s'éloigner toujours plus loin en banlieue. Sans compter la multiplication souvent aberrante des transports de marchandises !

Il n'y a donc aucune raison de faire régler la note de la pollution atmosphérique ni par les travailleurs des pays riches (comme c'est le cas avec la taxe carbone) ni par la population des pays pauvres. La participation financière des grandes puissances industrielles à l'effort pour maîtriser, à l'échelle planétaire, les émissions de CO2 est aussi une des questions en débat à Copenhague.

Leur participation tournerait, si l'on en juge par les déclarations de leurs porte-parole, autour de dix milliards de dollars d'aide par an jusqu'en 2020. Or on sait déjà qu'il en faudrait de six à dix fois plus.

Toutes les conditions sont donc réunies pour que cette conférence aboutisse comme les précédentes à une série de voeux pieux et de recommandations inefficaces, car ne s'adressant pas aux principaux responsables, les industriels capitalistes, à commencer par ceux des pays les plus riches.

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