Grippe A : «Dysfonctionnements» du système de santé09/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/12/une2158.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Grippe A : «Dysfonctionnements» du système de santé

Le 8 décembre, Roselyne Bachelot déclarait sur France Inter à propos de la vaccination contre la grippe A : « Il y a eu un certain nombre de dysfonctionnements à Paris. » Et l'on apprenait que le directeur des affaires sanitaires et sociales de Paris était « appelé à d'autres fonctions au sein du ministère ». Un fusible a donc sauté, mais les causes des « dysfonctionnements » restent entières.

Alors que les candidats à la vaccination désormais convaincus de la nécessité du vaccin pour lutter contre la grippe sont de plus en plus nombreux, dans la plupart des centres de vaccination la pagaille continue. Absence de convocation pour les uns, attente interminable pour les autres, centres fermés faute de personnel, on ne compte plus les « dysfonctionnements » et pas seulement à Paris. Tout le dispositif souffre du manque de moyens et de personnel.

Alors, le ministre de l'Intérieur sonne la mobilisation générale : élèves infirmiers, internes, étudiants en médecine, médecins du travail, médecins militaires, tous sont appelés. « Au total, - affirme le ministre - nous pouvons mobiliser jusqu'à 8 000 médecins et internes, 30 000 personnels paramédicaux et 30 000 personnels administratifs. » Mais il ne suffit pas de clamer pour que cela se transforme en réalité. D'autant qu'il s'agit là de déshabiller Pierre pour habiller Paul, dans un contexte où Pierre n'a déjà pas grand-chose sur le dos.

Les élèves infirmiers sont réquisitionnés pour la plupart pendant la période de leur stage, et sans être payés, pas même remboursés de leurs frais de transport jusqu'au centre de vaccination ; voilà qui ne coûte pas cher. Les infirmières scolaires, quand elles doivent se rendre dans les centres de vaccination, laissent leurs propres infirmeries vides. Les internes réquisitionnés, eux, sont obligés de déserter les services hospitaliers qui, déjà d'ordinaire, fonctionnent à la limite des possibilités, à la limite de l'épuisement pour les personnels et de la sécurité pour les malades. Comme le déclare un porte-parole du syndicat des urgentistes, « pour les hôpitaux, c'est plus que le bazar, c'est un bordel innommable ! » Et pendant ce temps-là, la ministre de la Santé continue d'interdire à ceux des médecins généralistes qui le demandent - et ils seraient selon sa propre estimation 15 000 à 20 000 prêts à le faire -, de vacciner leurs malades.

L'argument asséné depuis des semaines est que les médecins généralistes doivent rester disponibles, prêts à soigner les malades touchés par la grippe. Et les internes ? Et les infirmiers réquisitionnés ? N'ont-ils donc rien à faire dans leurs services hospitaliers et leurs établissements scolaires ? En fait l'argument suprême est lâché quand la ministre déclare que « cela reviendrait plus cher. »

Un argument qu'elle n'a pas mis en avant quand elle s'est refusée à négocier le prix des vaccins avec les laboratoires. Ni quand elle a accepté toutes leurs conditions, dont la livraison en flacons de dix doses qui pose des problèmes de mise à disposition, d'utilisation et de conservation. Ni quand elle a commandé d'emblée 94 millions de doses, dont un bon nombre risquent bien d'aller à la poubelle. Le tout pour près d'un milliard d'euros !

Voilà comment, à l'heure d'une épidémie, on dispose de dizaines de millions de doses d'un vaccin, mais pas des personnels soignants pour l'administrer. Tout cela parce que, depuis des dizaines d'années, les gouvernements se sont échinés à rogner sur toutes les dépenses publiques utiles... et continuent encore à le faire.

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