Grèce : Un an après, les raisons de manifester restent les mêmes09/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/12/une2158.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : Un an après, les raisons de manifester restent les mêmes

Dimanche 6 et lundi 7 décembre, les manifestations à la mémoire d'Alexandre Grigoropoulos, le jeune tué par un policier il y a un an, ont rassemblé des milliers de personnes à Athènes et dans d'autres villes, comme Thessalonique.

La confédération syndicale des fonctionnaires (ADEDY) avait appelé à un arrêt de travail pour participer à la manifestation du 7 décembre. À Athènes, le gouvernement avait déployé plus de 6 000 policiers. Des affrontements violents se sont produits et, dans tout le pays, 800 personnes ont été déférées au tribunal, dont presque 300 à Athènes.

Mais, plus que la commémoration du 6 décembre 2008, c'est la situation actuelle qui a fait descendre les manifestants dans la rue, en particulier les jeunes qui, comme le disait une étudiante, en ont assez de tous les problèmes qu'ils rencontrent, « depuis l'école jusqu'à l'agence pour l'emploi ou, si nous avons plus de chance, jusqu'aux stages payés 400 euros », ajoutant : « Pour nous, rien n'a changé depuis l'année dernière. »

Rien n'a changé, ni pour les jeunes, ni pour les moins jeunes, si ce n'est en pire. Le chômage a augmenté : il est officiellement de plus de 9 %, mais la confédération syndicale du secteur privé (GSEE) le chiffre à 15 % et, entre 15 et 24 ans, 25 % des jeunes ne trouvent pas de travail. Officiellement les prix ont augmenté de 2 % sur l'année, mais de 5,2 % pour les transports par exemple.

Le nouveau gouvernement du Pasok, le parti socialiste, vient d'annoncer un déficit de près de 30 milliards d'euros, deux fois plus important que celui annoncé par le précédent gouvernement de droite, et il accuse ses prédécesseurs d'avoir dissimulé la réalité. Fragilisé par l'ampleur de sa dette, le gouvernement ne peut emprunter qu'à des taux supérieurs (5 %) à celui pratiqué (3,25 %) pour un pays jugé plus sûr, comme l'Allemagne par exemple. La Banque européenne a donc exigé qu'il fasse de sérieuses économies pour réduire son déficit par des mesures d'austérité.

Surveillé par Bruxelles, le gouvernement est aussi surveillé par la droite : en mars 2010, il aura besoin de sa collaboration s'il veut que l'actuel président de la République soit réélu avec les deux tiers des voix des députés, faute de quoi l'Assemblée serait de nouveau dissoute et les législatives de nouveau à l'ordre du jour. Il voudrait donc éviter de mécontenter tout de suite ses électeurs, mais il le fait tout de même, évidemment.

Les premières mesures décidées par le gouvernement comportent déjà des taxes sur les revenus et la consommation, et une réduction des dépenses de l'État. Le gel des salaires des fonctionnaires a déjà été décidé : après les vives réactions de députés de la majorité, cela ne devrait toucher « que » 40 000 fonctionnaires sur 560 000. Le gouvernement a surtout programmé la suppression des emplois « stages » qui se montent à plus de 30 000. Ces emplois ont été créés en 1998 par le gouvernement socialiste de Simitis, sous prétexte de donner aux chômeurs « une formation et une expérience professionnelles » ; ils sont vite devenus des emplois précaires, sous-payés, sans droits (congé, primes, etc.) mais indispensables pour faire fonctionner les ministères publics et les collectivités locales. Enfin une réforme des caisses de retraite est en préparation pour février 2010 et elle devrait se traduire par un recul de l'âge de départ, la fin des retraites anticipées et une diminution des pensions.

Une fois de plus, l'austérité de gauche vaut déjà la rigueur de droite, et les manifestants ont toujours bien des raisons de descendre dans la rue.

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