Réforme des collectivité territoriale : Petits calculs et gros cadeaux21/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2151.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Réforme des collectivité territoriale : Petits calculs et gros cadeaux

Le 20 octobre, à Saint-Dizier, Sarkozy a annoncé la prochaine réforme des collectivités territoriales, c'est-à-dire des communes, communautés de communes, départements et régions, des liens qu'elles tissent entre elles, des fonds qu'elles gèrent et de la façon dont on élit les représentants dans ces différentes instances.

Retirées toutes les fleurs de la rhétorique présidentielle, cette réforme se résume aux trois préoccupations quotidiennes de Sarkozy : faire des économies sur les services publics ; déblayer le terrain pour les grands groupes capitalistes ; préparer son avenir politique et celui de ses fidèles.

Cette dernière opération est au fond très simple : en imposant le scrutin uninominal à un tour, par canton, pour élire 3 000 conseillers territoriaux en lieu et place des 6 000 conseillers généraux et régionaux, la loi donnerait l'avantage au parti capable d'arriver en tête. En l'état actuel des choses ce serait bien souvent l'UMP, bien plus hégémonique sur la droite que le PS ne l'est sur la gauche. D'autant que la loi prévoit que 20 % des conseillers seront élus au scrutin proportionnel, ce qui pourra pousser évidemment Verts et PCF à avoir leurs candidats, affaiblissant ainsi les chances du PS d'arriver en tête.

Il est vrai que tout cela n'est pas fait. Pas tant à cause de l'opposition de la gauche que de celle de la droite. Bien des élus locaux et des caciques régionaux UMP ou assimilés voient en effet d'un mauvais oeil l'État marcher sur leurs plates-bandes, et ils protestent.

La réforme administrative, elle, veut simplifier les multiples liens que nouent les communes pour réaliser ensemble des tâches particulières. Une commune peut en effet être liée à d'autres, et pas forcément toujours les mêmes, pour des problèmes de gestion de l'eau, des déchets, d'une piscine ou d'un hôpital, d'une exploitation forestière ou d'un réseau de transports en commun. La réforme prévoit un seul type de regroupement avec des attributions très larges et, autant qu'on puisse y comprendre quelque chose pour l'instant, sous forme d'établissement public commercial et industriel.

C'est dit clairement pour les grandes agglomérations, les « métropoles », et c'est même en voie de concrétisation pour le Grand Paris. Cet EPCI du Grand Paris aurait la haute main sur tous les projets de transports et d'urbanisme et serait soumis à la tutelle de l'État. Les élus locaux y seraient minoritaires. Ce n'est pas que Bouygues, Veolia et autres ne soient pas capables de discuter avec des élus locaux. Ils l'ont très bien fait jusqu'ici. Mais les trusts aussi préfèrent parler à dieu qu'à ses saints et, en période difficile, il convient de supprimer les intermédiaires.

Ce regroupement obligatoire de communes et cette simplification des organisations intercommunales, qui doivent être achevés d'ici 2013, soumettront bien entendu les petites communes aux grandes, et les plus démunies aux mieux loties.

Le point sur lequel Sarkozy a été le plus clair est celui qui concerne le plus directement les travailleurs : « Les collectivités territoriales ne peuvent pas créer plus d'emplois que l'État n'en supprime. » L'État ne remplace pas un fonctionnaire parti à la retraite sur deux, la réforme contribuera à contraindre les communes, départements et régions à faire de même. Sarkozy promet donc moins de cantonniers, de personnel dans les stades et les bibliothèques municipales, de personnel non enseignant dans les écoles, d'éducateurs de quartier, de personnel administratif dans les mairies, etc. Toutes mesures dont les catégories populaires feront inévitablement les frais.

Ainsi quelle que soit la réforme que Sarkozy mette en chantier, il en ressort toujours la même chose : des mauvais coups pour les travailleurs, des petits cadeaux pour les amis et des gros cadeaux pour les vrais patrons.

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