Redécoupage électoral : La démocratie du tripatouillage21/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2151.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Redécoupage électoral : La démocratie du tripatouillage

Le redécoupage des circonscriptions électorales actuellement en discussion à l'Assemblée déclenche des polémiques parmi les députés, de gauche pour l'essentiel, mais aussi des grognements chez quelques élus de droite.

Le gouvernement dit vouloir prendre en compte les changements démographiques survenus depuis la dernière réforme de 1986, de façon à ce que chaque élu le soit par un nombre à peu près équivalent d'électeurs. C'est ainsi que les départements qui se dépeuplent peuvent perdre un député et ceux qui voient leur population augmenter vont obtenir une circonscription supplémentaire.

Mais cette logique, qui se voudrait mathématique, est évidemment appliquée avec des arrière-pensées. Dans la réforme actuelle, le gouvernement supprime trente-trois circonscriptions et en crée autant, puisque le nombre de députés doit rester le même. Parmi les circonscriptions créées, onze le seront pour les Français de l'étranger, qui n'étaient pas représentés en tant que tels à l'Assemblée jusqu'à présent. Vingt-quatre autres devraient être favorables à la droite, selon le Parti Socialiste, alors que parmi les trente-trois supprimées on en trouve vingt-trois de gauche. Martine Aubry, dont le parti a le plus à perdre, accuse le gouvernement d'avoir choisi les circonscriptions « qui sont entre 47 et 53 % et qui en général basculent au moment où le Parlement passe à gauche ou à droite, et il a fait en sorte de les maintenir à droite ». Elle ajoute qu'une « voix de gauche n'aura plus le même poids qu'une voix de droite, puisqu'il faudra à la gauche plus de 51,3 % pour être majoritaire à l'Assemblée ».

Il est évident que le gouvernement n'a pas raté l'occasion de procéder à un peu de « tripatouillage » des circonscriptions.

Mais, plus encore que le découpage, c'est le scrutin majoritaire qui fausse la représentation des électeurs. Et la quasi-totalité de ceux qui protestent contre « l'iniquité dans la représentation fidèle du peuple français », comme le dit le Vert Yves Cochet, n'abordent pas ce sujet.

Il y eut, sous Mitterrand, un bref passage par un scrutin départemental faussement proportionnel (avec une barre à 5 %) qui fut appliqué aux élections de 1986. Elles furent marquées par la victoire de la droite et le Parti Socialiste protesta bien fort contre le découpage auquel le nouveau ministre de l'Intérieur de droite, Pasqua, procéda en conclusion d'un retour au scrutin majoritaire. Cependant le PS s'accommoda parfaitement de ce retour, dont il bénéficia d'ailleurs lors des élections de 1988 et de 1997.

Seul le Parti Communiste, qui depuis des années, sous la droite comme sous la gauche, a vu fondre le nombre de ses députés, réclame à juste titre le scrutin à la proportionnelle. Ce serait évidemment le mode de représentation le moins injuste, qui donnerait de l'opinion l'image la plus fidèle et une tribune à ceux dont on n'entend jamais la voix à l'Assemblée. Quant à changer la société, c'est par ailleurs que cela passera.

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