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Grande-Bretagne : L'impérialisme britannique cache une armée dans ses prisons
Au moment où le gouvernement travailliste de Gordon Brown s'apprête à envoyer un nouveau contingent de 500 « spécialistes » anti-guérilla dans la province d'Helmand, en Afghanistan, un coin du voile hypocrite recouvrant le sort de ceux que les autorités se plaisent à célébrer en « héros », est en train de se lever.
On sait que le nombre des soldats britanniques morts en Afghanistan a atteint un niveau record (84 depuis le début de l'année) et qu'il dépasse désormais celui de la guerre d'Irak (221 contre 179). Quant aux blessés, on n'en sait rien, puisque aucune statistique officielle n'est publiée à ce sujet. Ce qui commence à se savoir, néanmoins, c'est le traitement indigne réservé aux blessés graves rendus à la vie civile, que révèle le nombre croissant des procès intentés à l'armée par d'anciens combattants invalides laissés sans ressource par les autorités.
Mais un rapport publié par le syndicat des contrôleurs judiciaires montre un aspect bien plus sordide encore des conséquences de cette sale guerre pour les fantassins sans grade qui y sont envoyés par les gouvernements. À ce jour, pas moins de 20 000 de ces anciens combattants, dont la grande majorité sont passés par l'Afghanistan, seraient soumis au contrôle de l'administration judiciaire à un titre ou un autre. Parmi ceux-ci, 8 500, soit presque autant que les 9 100 hommes de troupe du contingent britannique en Afghanistan, sont sous les barreaux - où ils représentent près de 10 % de la population carcérale.
Selon ce rapport, la plupart des anciens combattants emprisonnés sont sujets à des troubles post-traumatiques résultant de leur participation aux combats, troubles qui n'auraient fait l'objet d'aucune attention de la part de l'armée après leur rapatriement et leur retour à la vie civile. Plus de la moitié souffrent d'alcoolisme et d'addiction à des drogues dures et la majorité ont été condamnés pour violence domestique ou coups et blessures envers des personnes de leur voisinage.
La grande majorité des hommes de troupe de l'armée britannique sont recrutés dans les couches les plus pauvres de la population. Bien des jeunes qui n'ont pas les moyens de faire des études rejoignent l'armée, en particulier dans les déserts industriels du nord du pays, parce que, face à un chômage endémique qui sévit depuis si longtemps, l'armée y apparaît comme la seule voie pour obtenir un emploi stable.
Mais, malgré le lavage de cerveau que leur fait subir l'entraînement militaire, ces jeunes n'ont pas vocation à jouer les machines à tuer ni les cibles vivantes. Or c'est ce rôle que les puissants de ce monde leur font jouer en Afghanistan, contre une population qui ne veut pas de leur présence et une guérilla qui, malgré sa brutalité et son caractère réactionnaire, exprime l'hostilité de cette population. Les témoignages abondent, d'anciens soldats revenus d'Afghanistan, parlant de leur dégoût pour cette guerre à laquelle ils ne voient aucun sens, mais où ils ont vu bien trop de sang versé inutilement, tant parmi leurs camarades de combat que parmi la population et même dans les rangs « ennemis ».
Alors il ne faut pas s'étonner que, comme le notent les rédacteurs du rapport mentionné, certains de ces anciens combattants aient « perdu toute sensibilité à la violence » du fait de la violence gratuite dont ils ont été les instruments dans cette sale guerre. Pas plus qu'il ne faut s'étonner si des milliers de ces jeunes, une fois rendus à la vie civile, sont brisés au point de ne pas parvenir à retrouver une place dans cette société qui les a envoyés au casse-pipe pour rien - et ce d'autant plus, à un moment où le chômage dû à la crise les prive d'avenir.
Si ce sont les populations des pays pauvres, cibles des expéditions impérialistes, qui paient le prix le plus lourd pour ces agressions, les fantassins des puissances impérialistes, qui en sont les instruments, en sont également des victimes. C'est aussi pour cela qu'exiger le départ de toutes les troupes impérialistes d'Afghanistan relève du devoir et des intérêts communs des mouvements ouvriers du monde impérialiste.