Deux nouveaux fichiers pour la police : Hortefeux - Big Brother21/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2151.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Deux nouveaux fichiers pour la police : Hortefeux - Big Brother

Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a annoncé dimanche 18 octobre la mise en place par décrets de deux nouveaux fichiers de la police française, décrets datés du 16 octobre.

Humour à la Hortefeux ou ignorance du calendrier ? C'est le jour de la Sainte-Edwige... du nom du fichier promulgué par Hortefeux en juin 2008, avant qu'il ne le retire en novembre de la même année, pour mettre fin au tollé qu'il avait soulevé, et qui faisait penser à Big Brother, ce dictateur du roman 1984 qui surveillait les faits et gestes de tout le monde.

En effet Edvige (pour Exploitation documentaire et valorisation de l'information genérale) avait été présenté comme une simple conséquence logique de la fusion des Renseignements Généraux (RG) et de la Direction de la Sûreté du Territoire (DST) au sein de la nouvelle Direction centrale du renseignement intérieur. Mais ce fichier ne se contentait pas d'optimiser le travail de ces deux services en recoupant leurs informations et en utilisant l'informatique. Il étendait aussi le champ officiel des enquêtes de renseignement, en permettant entre autres le fichage de mineurs dès l'âge de 13 ans au lieu de 16 précédemment.

Edvige - et c'est ce qui avait été à l'origine des protestations qui ont finalement amené Sarkozy et Hortefeux à le retirer - permettait aussi de collecter des informations sur la santé, la vie sexuelle et les origines ethniques des personnes surveillées. Enfin la liste de celles-ci pouvait être des plus longues, Edvige pouvant regrouper des « informations relatives aux personnes physiques ou morales ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui jouent un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif »... Bien sûr, la création d'Edvige n'allait pas fondamentalement modifier la donne en matière de flicage policier. Les gouvernements de droite comme de gauche et toutes les Républiques, de tout temps, se sont autorisées à ficher la population, légalement ou pas. Mais Edvige allait quand même encore plus loin et, devant les protestations massives, y compris des réserves de la CNIL, Sarkozy avait dû demander à Hortefeux de réviser sa copie « pour protéger les libertés ».

Avec les deux nouveaux fichiers promulgués, Hortefeux n'a fait disparaître que ce qui avait le plus choqué dans Edvige, à savoir les renseignements sur la vie sexuelle et les origines. Mais il a maintenu le fichage des jeunes dès 13 ans dans le premier décret, qui porte sur « la prévention des atteintes à la sécurité publique » et la collecte des renseignements « géographiques ». Et même si Hortefeux prétend que cette notion n'a rien à voir avec les origines ethniques, on est encore libre de ne pas le croire.

Après Edvige, et maintenant avec ces deux nouveaux fichiers, le ministre de l'Intérieur défend en tout cas la tradition du flicage de la population en se disant que ça peut toujours servir. Et ça a en effet déjà servi, y compris pour le pire.

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