Comment le gouvernement veut encore baisser la retraite des femmes21/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2151.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Comment le gouvernement veut encore baisser la retraite des femmes

La manifestation pour les droits des femmes du 17 octobre 2009 a mis le doigt sur l'inégalité entre les hommes et les femmes concernant les salaires, et aussi de façon plus cruciale encore concernant les retraites.

En effet la moyenne des montants des pensions de retraite est de 1 020 euros pour les femmes et de 1 636 euros pour les hommes, et bien sûr ce sont seulement des moyennes. Ce sont en majorité les femmes qui touchent des petites retraites. Car les femmes sont en majorité celles qui occupent des emplois précaires, à temps partiel, et qui font des carrières plus courtes. Et parmi les 600 000 personnes percevant le minimum vieillesse, 62 % sont des femmes.

Par ailleurs, parmi les 4 millions de personnes qui touchent le minimum contributif, la grande majorité sont des femmes. Ce minimum contributif a été fait pour assurer une pension minimum aux travailleurs ayant eu une carrière longue mais avec des salaires modestes. Son montant était de 633,61 euros par mois au 1er janvier 2008.

Et malgré ces chiffres édifiants, sous le prétexte d'égalité avec les hommes, le gouvernement s'apprêtait à diminuer les bonifications pour enfants, qui permettaient aux femmes de bénéficier de trimestres supplémentaires. Ainsi une femme percevait une pension de retraite sur la base de 32 années de cotisations si elle avait travaillé 30 ans et élevé un enfant. Le gouvernement justifiait sa décision de remettre en cause ces bonifications par le fait qu'une décision de la Cour de cassation donnait raison à un père ayant demandé à en bénéficier.

Finalement, devant les protestations des syndicats et d'associations, le gouvernement a reculé mais n'a pas renoncé complètement. La première année de majoration d'assurance vieillesse (dite MDA) resterait à la femme, tandis que le père pourrait prétendre bénéficier de la seconde année, à condition qu'il se soit bien arrêté de travailler pour élever l'enfant.

La vigilance doit s'imposer, d'autant que la réforme des retraites doit être rediscutée en 2010. Or le gouvernement, par la réforme Fillon de 2003, avait d'une part pénalisé les salariés, et en particulier les femmes, par l'instauration de la décote, appliquée lorsque la durée de cotisation est insuffisante. D'autre part, il avait déjà modifié le système de bonification pour les mères de famille chez les fonctionnaires.

Déjà, depuis 2003, les femmes fonctionnaires ne bénéficiaient plus automatiquement de l'annuité supplémentaire à laquelle chaque enfant donnait droit. Ensuite, pour les enfants nés après janvier 2004, le parent devait arrêter son activité pour en bénéficier.

Résultat : les femmes interrompant de moins en moins leur activité professionnelle et de moins en moins longtemps, elles sont de moins en moins nombreuses chez les fonctionnaires à bénéficier de la majoration. Ainsi, si 88 % des femmes fonctionnaires ont pu en 2003 bénéficier d'une bonification, elles n'étaient déjà plus que 74 % en 2005. Et l'attribution de cette bonification a été réduite de 30 % dans les fonctions publiques hospitalière et territoriale.

Le gouvernement cherche à économiser sur le budget des caisses de retraites du public comme du privé. Et son projet de réforme en 2010 va viser à augmenter la durée de cotisation pour tous les salariés. Hommes et femmes auront intérêt à se mobiliser tous ensemble pour empêcher la diminution des retraites pour tous et pour combler le retard que subissent les femmes.

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