Le groupe international Rexam, dont le siège est à Londres, possède 160 usines dans le monde dans l'emballage métal et plastique pour les boissons, la pharmacie ou la cosmétique. En 2008, les ventes de Rexam ont fortement progressé et les bénéfices du groupe ont augmenté de 32 %. Avec un bénéfice de 460 millions de livres anglaises (plus de 400 millions d'euros), la marge de profit est de 10 % dans les usines et ses dirigeants ont versé des dividendes conséquents aux actionnaires.

Mais la crise est passée aussi par là et le PDG de Rexam invoque la baisse des ventes, la chute du chiffre d'affaires et des profits pour justifier des fermetures et des licenciements dans le groupe. En France, des salariés ont été licenciés à l'usine du Tréport dans la Somme. En Saône-et-Loire, 96 emplois, sur 420 à l'effectif, seraient supprimés sur le site de Simandre. Et maintenant c'est l'annonce de la fermeture de l'usine de Gravelines pour janvier 2010.

L'usine de Gravelines fabrique 485 millions de boîtes boisson en acier par an, livrées à 90 % à Coca-Cola, en particulier à l'usine de Dunkerque, et le restant à Heineken. Construite en 1991 et appartenant autrefois au groupe Pechiney, 140 salariés y travaillent en équipes postées en continu et la moyenne d'âge est autour de 40 ans.

Pendant des années, les travailleurs de cette usine ont sué des profits pour le patron, et aujourd'hui, sous prétexte de la hausse du prix de l'acier, d'une baisse d'activité et d'un manque de rentabilité, ils devraient accepter de se retrouver chômeurs afin que Rexam réorganise sa production ailleurs !

Les salariés de Rexam refusent d'être mis à la porte comme des malpropres. Autour de Gravelines, ils ont installé des banderoles pour dire « Non aux licenciements ». La production tourne au ralenti et le personnel est réuni en assemblée générale, soutenu par la CGT, la CFDT et FO.

Vendredi 16 octobre, une centaine de salariés sont allés manifester devant l'usine Coca-Cola pour obtenir le soutien du personnel, invité ce jour-là par leur direction au 20e anniversaire de l'entreprise. La direction de Coca avait supprimé la veille la cérémonie d'anniversaire pour le gratin des invités et des officiels, « en solidarité avec les salariés de Rexam », ayant eu vent d'une manifestation pour ce jour-là.

Un syndicaliste a évoqué le fait qu'il suffirait que Coca accepte l'augmentation d'un centime d'euro par canette pour que l'usine de Gravelines gagne de l'argent... Encore faut-il que Rexam n'en profite pas pour glisser cette éventuelle augmentation dans la poche des actionnaires ! Les patrons se valent quand il s'agit de faire trinquer les travailleurs ! Dans les semaines à venir, on va entendre parler des ouvriers de Rexam en lutte.