Travailleurs sans papiers (Ile-de-France) : Pour la régularisation, les grèves s'étendent21/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2151.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Travailleurs sans papiers (Ile-de-France) : Pour la régularisation, les grèves s'étendent

Lundi 12 octobre, un millier de travailleurs ont engagé une nouvelle lutte pour leur régularisation. Mardi 20, d'après la CGT qui coordonne ce mouvement, ils étaient plus de 3 000 en grève, répartis dans 34 entreprises ou sièges patronaux à Paris et en banlieue.

Plusieurs centaines de grévistes, employés par diverses sociétés d'intérim, se sont regroupés et occupent les locaux des agences du quartier de la gare Saint-Lazare, en particulier l'agence Synergie rue de Rome (9e arrondissement). Fièrement, ils montrent les cartes de gréviste à leur nom avec leur photo. Ils sont aussi plusieurs centaines regroupés dans les locaux de la Fédération nationale des travaux publics et dans le Centre de formation patronal de l'industrie de la restauration (Fafih), situés dans le 8e. Presque chaque jour des travailleurs rejoignent le mouvement et des nouveaux sites sont occupés. Depuis le 18 octobre, quatorze salariés de l'entreprise de nettoyage ISS sont installés dans le hall de la Cité des Sciences de la Villette et sept salariés occupent la Pizza Pino, boulevard des Italiens (2e).

Une vidéo amateur diffusée sur Internet a soulevé l'indignation. Elle montre les conditions de travail inadmissibles de travailleurs rénovant la nuit des stations du métro. Des ouvriers sans équipement, sans casque ni chaussures de sécurité, sortent des stations avec des plaques de béton sur leur tête ou des gravats dans des paniers à dos d'homme, et manient le goudron en fusion avec des gants de jardinage... Ils sont aujourd'hui en grève pour les papiers et des conditions de travail correctes.

La direction de la RATP a aussitôt nié toute responsabilité, car elle sous-traitait ce chantier à la société Asten, qui elle aussi nie toute responsabilité puisqu'elle n'employait que des intérimaires fournis par Manpower et Adecco, sociétés qui bien sûr nient avoir eu connaissance que ces ouvriers étaient sans papiers. Par contre, tous ces employeurs savaient parfaitement bien que leurs salariés n'étaient payés que 80 euros par nuit de dix à douze heures de travail ! Et dès la diffusion de cette vidéo la direction de la RATP a cessé d'ignorer ces 23 employés : elle les a fait évacuer, par la police, du dépôt de la rue Championnet (20e) qu'ils occupaient.

Face à l'ampleur que prend ce mouvement de grève des travailleurs sans papiers, le ministre de l'Immigration Eric Besson prétend « découvrir » que les régularisations se font à la tête du client, qu'il y a des dysfonctionnements. Il a convoqué tous les préfets pour, dit-il, y remédier...

À Montreuil en Seine-Saint-Denis, une vingtaine de salariés de l'entreprise de nettoyage Plus-Net viennent enfin d'obtenir de la préfecture leur récépissé de demande de titre de séjour, valable pour au moins un an et leur permettant de travailler légalement... après 361 jours de grève ! Eric Besson et son préfet de Seine-Saint-Denis viennent peut-être seulement de « découvrir » ces salariés de Plus-Net ? Prétexte qu'ils ne pourront pas invoquer face à 3 000 grévistes.

Tous les travailleurs sans papiers doivent être régularisés ; pas dans un an, pas dans un mois, mais tout de suite !

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