Sarkozy à Gandrange : En passant par la Lorraine... avec ses gros sabots21/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2151.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sarkozy à Gandrange : En passant par la Lorraine... avec ses gros sabots

Le 8 octobre, 800 policiers étaient mobilisés pour la visite de Sarkozy en Moselle. Évitant soigneusement Gandrange - où il avait pourtant promis en février 2008 de revenir - il était allé faire un tour sur le site de l'usine de la Smart près de Sarreguemines, pour y promettre une aide de l'État à la fabrication d'une Smart électrique. Après PSA et Renault, le groupe Mercedes, producteur de la Smart, va donc aussi toucher sa part de subventions. Puis il s'était rendu à Woippy, dans la banlieue messine, devant un public trié sur le volet... On n'est jamais trop prudent.

Malgré ses promesses, Sarkozy avait donc soigneusement évité les vallées sidérurgiques, ce qui avait choqué la population. Du coup, une semaine plus tard, jeudi 15 octobre, Sarkozy est revenu, complètement en catimini, en cachette. Sans que personne ne soit averti, il a débarqué à une réunion technique avec les élus et les syndicats à la mairie de Gandrange sur la « revitalisation » du bassin. Une réunion convoquée en urgence tout exprès par le préfet, deux jours avant, pour servir de faire-valoir à Sarkozy. Mais seul le préfet était au courant de sa venue.

Deux heures plus tard, Sarkozy débarquait à Metz pour annoncer la venue d'un régiment d'un millier de soldats, pour « compenser » la perte de 5 700 emplois civils et militaires liée à la fermeture de plusieurs casernes. Le maire a été prévenu au dernier moment... juste le temps nécessaire pour qu'il puisse dérouler le tapis rouge.

Comme d'habitude, Sarkozy a fait des annonces, notamment celle d'un contrat de six ans pour l'usine Corus de Hayange qui fabrique les rails du TGV. Il faut dire que, de fermeture d'usine en fermeture d'usine, c'est la seule en France qui fabrique ces rails pour le TGV. Alors, ce contrat n'est une surprise pour personne.

Par ailleurs, il en a fait des tonnes sur un projet d'enfouissement du CO2 rejeté par les hauts-fourneaux de Hayange. Un projet archi subventionné - écologie oblige - mais qui a un inconvénient : il n'est pas sûr du tout qu'ArcelorMittal maintienne lesdits hauts-fourneaux en activité. Alors, que va faire Sarkozy ? Il a promis d'aller voir M. Mittal pour en parler avec lui et de revenir ensuite. Exactement ce qu'il avait dit à Gandrange en février 2008... avec la suite que l'on sait.

Depuis, l'aciérie a été fermée ainsi qu'un train de laminoir, mis à l'arrêt de façon anticipée, et près de 600 emplois ont été liquidés. La plupart des travailleurs d'ArcelorMittal ont trouvé un reclassement dans les usines de Hayange, de Florange ou du Luxembourg - d'où les intérimaires ont été licenciés. Mais, début octobre, dix-neuf aciéristes n'avaient pas encore reçu d'offre d'emploi, deux ont été licenciés pour « faute » et onze ont préféré prendre leur compte. Sans parler de la sous-traitance, où plusieurs centaines d'emplois ont été liquidés.

Mais tout va bien : le cours de l'action ArcelorMittal remonte à la Bourse et les pouvoirs publics, sous couvert de lutte contre le réchauffement climatique, sont tout disposés à lui ouvrir encore et toujours le robinet des subventions.

Etienne HOURDIN

Place de la Mairie de Metz, jeudi 15 octobre. Malgré le plus grand secret qui a entouré la venue de Sarkozy, sa présence a fini par se savoir. Quelques personnes sont rassemblées, quatre arborent des autocollants Lutte Ouvrière contestant la politique gouvernementale. Quelques minutes avant l'arrivée du convoi, intervention des RG : « Enlevez vos autocollants, sinon on vous sort de la place. » « Mais c'est un lieu public », répliquent les opposants. Réponse des RG : « Ce n'est pas négociable. » Arrive le convoi officiel, les quatre sont immédiatement entourés par six policiers.

Un peu plus loin, une femme a réussi à se frayer un chemin jusqu'à Sarkozy : « Vous savez qu'il y a des réfugiés afghans qui dorment sous des tentes, près de l'hôtel de région ? » - « Donnez-moi un papier et je m'en occupe », répond Sarkozy. - « Je sais ce que vous en ferez », réplique l'interpellatrice, pas dupe. Sarkozy, un brin énervé : « Si vous voulez polémiquer, je ne réponds pas. »

Il y a des progrès depuis « Descends si t'es un homme » ou « Casse-toi pauvre c... ». Le langage a (un peu) progressé. Mais les déplacements de Sarkozy se font toujours sous aussi haute présence policière.

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