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Afghanistan : Vers un second tour de l'élection... et le renforcement de l'occupation
Il aura fallu plus de deux mois après le premier tour des élections tenues le 20 août dernier en Afghanistan pour en connaître le résultat. Finalement le président sortant Hamid Karzaï obtiendrait un peu moins de 50 %, et non pas les 54,6 % annoncés alors, et un deuxième tour de scrutin est donc prévu pour le 7 novembre.
Pour que Karzaï passe sous la barre des 50 %, il fallait qu'au moins 250 000 de ses bulletins soient invalidés par la Commission des plaintes électorales qui a compté et recompté les 5,6 millions de bulletins exprimés. Mais s'il y a eu fraude, on ne voit pas ce qui empêchera qu'il en soit de même au prochain scrutin.
Karzaï aurait évidemment préféré pouvoir se proclamer vainqueur dès le premier tour. Mais le truquage était trop évident et les grandes puissances impliquées en Afghanistan, et d'abord les États-Unis, ont fait pression sur les différents candidats. Une solution a même été envisagée où, sans nouveau scrutin, Karzaï aurait gouverné avec son concurrent immédiat, Abdullah Abdullah.
Car tant qu'une nouvelle solution gouvernementale n'aura pas été trouvée, la version officielle selon laquelle les troupes d'occupation sont là pour permettre l'éclosion d'une « démocratie » afghane aura encore plus de mal à passer.
En attendant, la population civile subit les violences des troupes d'occupation comme des divers groupes armés qui se disputent l'influence sur les différentes régions. Lundi 19 octobre, des insurgés ont encore incendié quinze camions transportant des fournitures vers une base militaire dans la province orientale de Ghazni.
Si Karzaï est finalement reconduit à son poste de président, le régime qu'il représente, et qui n'arrive même plus à maintenir un semblant d'ordre à Kaboul, se poursuivra, avec sa corruption omniprésente, un commerce de la drogue qui gangrène la société et une extension de l'insurrection de ce qu'il est convenu d'appeler les « talibans », même quand des groupes armés rivaux sont en cause, car l'occupation par des troupes des grandes puissances soulève le mécontentement.
Après huit ans de guerre et d'occupation des puissances impérialistes, dont la France, les difficultés pour elles ne font qu'augmenter. Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a beau dire que « Karzaï est élu » parce qu'il a plus de voix que son concurrent, les élections afghanes auront surtout démontré qu'aucun pouvoir d'apparence un tant soit peu démocratique n'est prêt à prendre la relève des troupes d'occupation.
Alors, tout en continuant à proclamer que les armées de l'OTAN ne sont là que pour établir la démocratie, puis s'en aller, les dirigeants américains s'orientent surtout vers l'envoi de nouvelles troupes, qui ne feront sans doute qu'augmenter encore le ressentiment contre cette occupation militaire.