Tunisie : Les supercheries électorales de Ben Ali21/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2151.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Tunisie : Les supercheries électorales de Ben Ali

Le 25 octobre, les Tunisiens sont appelés à voter pour désigner leur président et leurs députés. Le président Ben Ali, qui impose sa dictature sur le pays depuis vingt-deux ans et qui a fait modifier la Constitution pour pouvoir briguer un nouveau mandat, est candidat à sa propre succession.

Le résultat de ces élections ne fait guère de doute, car Ben Ali a bien verrouillé le système. Après être arrivé au pouvoir par un coup d'État en novembre 1987, ce dernier s'est fait « réélire » à deux reprises sans surprise puisqu'étant le seul candidat, avec des scores de plus de 99 % des voix. Les élections prétendument pluralistes, inaugurées en 1999, n'ont rien changé. En 2004, Ben Ali a encore été crédité de la quasi-totalité des suffrages exprimés !

Pour s'éviter toute surprise, Ben Ali a peaufiné son dispositif. Avant le vote, les membres des commissions chargées de la mise à jour des listes électorales ont été désignés par le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti au pouvoir. Le jour du vote, les bureaux seront tenus, comme d'habitude, par le RCD. Quant au dépouillement, il se fera à huis clos !

Enfin, comme lors des précédents scrutins, à la présidentielle comme aux législatives le pluralisme se limite aux seuls candidats validés par Ben Ali. Ainsi la candidature de Mustapha Ben Jaafar, porte-parole du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL), a été rejetée par le Conseil constitutionnel. Plusieurs formations appellent au boycott, pour ne pas cautionner cette parodie de démocratie. Même Ahmed Brahim, secrétaire général du parti Ettajdid (ex-Parti communiste tunisien) et l'un des trois opposants admis à entrer en lice pour la présidentielle, a vu son journal saisi pour « violation du Code électoral ». Son tort : avoir tenté de diffuser son programme électoral avant le lancement officiel de la campagne.

Il ne s'agit évidemment que d'un faux prétexte. Les atteintes à la liberté de la presse, et plus généralement à la liberté d'expression, ne se limitent d'ailleurs pas aux périodes électorales. C'est tous les jours que Ben Ali fait régner l'arbitraire, multipliant les menaces, les pressions, voire les passages à tabac, jetant

$$$dans ses geôles et livrant à la torture tous ceux qui manifestent la moindre velléité d'opposition. Les travailleurs qui essayent de s'organiser pour défendre leurs conditions de travail et de vie subissent le même sort. Les lourdes peines de prison distribuées récemment par les tribunaux aux leaders de la grève dans le bassin minier de Gafsa en témoignent.

Les Tunisiens n'ont donc guère d'illusions à se faire quand Ben Ali leur promet « de nouveaux pas sur la voie de la démocratie et l'enracinement du pluralisme », pas plus que quand il leur promet « un niveau de vie élevé et une qualité de vie meilleure ». Il ne s'agit que d'une supercherie électorale de plus.

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