Le «non» vu par les hommes qui dirigent le pays : On a compris ce que vous voulez, on fera le contraire02/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/06/une1922.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le «non» vu par les hommes qui dirigent le pays : On a compris ce que vous voulez, on fera le contraire

Depuis la défaite du «oui» au référendum, les hommes politiques de droite ont été nombreux à se succéder pour promettre des lendemains qui déchantent à tous les inconscients qui, malgré leurs conseils, ont simplement dit «non» à la question soumise au vote de dimanche.

Jacques Chirac l'a proclamé dans sa déclaration, dès l'annonce des résultats : «La décision de la France (le vote non) crée inévitablement un contexte difficile pour la défense de nos intérêts en Europe. Nous devrons y répondre en nous rassemblant autour d'une exigence, celle de l'intérêt national.» «Contexte difficile», «intérêt national», ce sont des formules, dans la bouche d'un président, qui veulent dire quelque chose, et qui annoncent nécessairement des mesures antisociales.

Nicolas Sarkozy, dans sa déclaration-programme, a renchéri sur le même thème: «Les Français nous appellent à des remises en cause profondes, rapides, vigoureuses... C'est une période difficile qui s'ouvre... qui exigera du sang-froid et de l'énergie.» Après un coup de griffe sur le «modèle social» français, il a préconisé «un programme d'actions innovant, courageux et ambitieux».

Et plusieurs ministres se sont relayés pour annoncer aux Français qu'ils devront payer pour leur vote, et que la suite allait être dure pour eux. Ainsi Thierry Breton, le ministre de l'Économie sortant, a prévenu: «Il va falloir redoubler d'efforts pour continuer à attirer les investisseurs dans notre pays.» Michel Barnier, l'ex-ministre des Affaires étrangères, a également enfoncé le même clou, essayant à tout prix de culpabiliser ceux qui ont refusé d'écouter les sirènes des partisans du oui: «Ça va être plus dur pour notre pays de défendre ses intérêts.»

Alain Juppé, toujours écarté des postes ministériels à cause de quelques taches pas encore effacées, mais encore prodigue de solutions pour son ami Chirac, met les points sur les "i", et demande «un déblocage du marché du travail et l'élimination de certains freins à l'embauche».

Et comme souvent, c'est Ernest-Antoine Seillère, encore patron du Medef pour quelque temps, qui a le mieux résumé ce qui devrait être à ses yeux la ligne du futur gouvernement. D'abord prétendre sans complexe que la nouvelle cause des malheurs des pauvres patrons et du gouvernement français, ce sont les électeurs. Ainsi, dans son communiqué, Seillère déclare que «le non affaiblit l'économie française». Puis il engage un nouveau plan antisocial, qu'il intitule «programme de réformes pour rétablir la situation économique».

«Le Medef demande à ceux qui nous gouvernent d'engager sans délai la modernisation exigée par les entreprises de notre pays.» Le Medef demande, le Medef exige, et nul doute que Villepin s'efforcera de lui faire plaisir.

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