Chirac se prépare-t-il à passer la main?02/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/06/une1922.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Chirac se prépare-t-il à passer la main?

Derrière les calculs personnels de Chirac pour proposer le tandem improbable Villepin-Sarkozy, il y a peut-être une prise de position politique responsable par rapport aux intérêts de l'ensemble de la droite.

Sarkozy n'a certes pas été nommé Premier ministre -il n'est d'ailleurs pas dit qu'il l'ait demandé, ni même qu'il l'ait souhaité tant le risque est grand qu'il se déconsidère en tant que Premier ministre avant d'engager la course pour l'élection présidentielle-, mais, de toute évidence, c'est lui qui a marqué des points dans l'épreuve de force implicite avec Chirac.

Celui-ci, en effet, l'a intronisé ministre d'État, sorte de Premier ministre bis, sans même exiger, cette fois, qu'il démissionne pour autant de la présidence de l'UMP. À vingt-deux mois de la présidentielle, c'est sans doute la meilleure position pour Sarkozy. Il reste sur le devant de la scène sans avoir à assumer la responsabilité de la politique gouvernementale. En récupérant le ministère de l'Intérieur, il est en position de conforter sa réputation d'homme de droite à poigne qui plaît tant à la composante la plus sécuritaire de l'électorat de droite. Être à la tête du ministère qui s'occupe de la préparation des élections est, de plus, un avantage technique non négligeable.

Tout se passe donc comme si Chirac s'effaçait devant Sarkozy, en lui laissant le champ libre pour représenter toute la droite à l'élection présidentielle de 2007. Tout au moins, il en ouvre la possibilité en laissant à Sarkozy tous les moyens dont il a besoin.

L'électorat de droite dans son ensemble est, en général, majoritaire dans les élections et, de surcroît, la gauche apparaît, pour le moment, divisée. Mais il ne faut pas oublier le poids électoral du Front national qui, 2002 l'a encore rappelé, continue à osciller entre 15 et 20% de l'électorat. Une UMP divisée entre Chirac et Sarkozy en 2007, avec un Bayrou jouant au franc-tireur, fait courir à l'ensemble de la droite le risque d'échouer.

Choisir Sarkozy, de surcroît celui des hommes de droite qui a le plus de chances de mordre sur l'électorat lepéniste, comme «candidat naturel» à sa succession, aura alors été, si ce raisonnement est juste, le service que Chirac aura rendu à son camp. Et pour ce qui le concerne, c'est sans doute le meilleur moyen dans l'immédiat de désarmer les caciques de sa propre majorité qui ont payé, il y a huit ans, la dissolution ratée, puis, là, l'échec du référendum et qui n'ont pas envie de continuer dans cette voie.

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