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Italie : Les illuminés contre la liberté des femmes et le progrès
Le 12 juin prochain, les Italiens sont convoqués à voter pour un référendum concernant la procréation médicalement assistée. Celui-ci à déjà fourni au nouveau pape l'occasion de démontrer, s'il le fallait, qu'il est aussi réactionnaire que l'était son prédécesseur.
La loi italienne concernant la procréation médicalement assistée adoptée par le gouvernement Berlusconi est particulièrement restrictive et réactionnaire. Ainsi, quand une femme n'a d'autre choix que de faire un enfant par fécondation in vitro (FIV), un article de cette loi interdit de réaliser plus de trois embryons et oblige à les implanter tous les trois dans l'utérus. C'est une limitation véritablement ignoble. En effet, pour obtenir de tels embryons, il faut que la femme subisse des traitements hormonaux longs et pénibles, puis qu'on ponctionne ses ovaires en introduisant une aiguille à travers la paroi du vagin, afin de prélever les ovocytes qui seront ensuite fécondés «in vitro» pour former les embryons.
Techniquement, aujourd'hui, les médecins réussissent à ponctionner ainsi jusqu'à une dizaine d'ovocytes. Ceci permet ensuite d'obtenir plusieurs embryons, d'en implanter un ou deux et de conserver les autres, pour le cas où la première FIV ne marcherait pas, ce qui est souvent le cas, ou pour le cas où les parents désireraient un autre enfant. Mais la loi italienne n'autorise le prélèvement que de trois ovocytes, ce qui signifie en clair que, si la première tentative de FIV échoue, la femme doit recommencer le traitement, avec toutes les difficultés médicales et psychologiques qui s'ensuivent. Telle est la version moderne du «Tu enfanteras dans la douleur»!
Un autre article de la loi interdit toute recherche sur ces embryons issus de fécondation in vitro, sous prétexte que «la vie commence au moment de la conception», sans doute par pénétration de «l'âme» à l'intérieur de l'ovule.
Ce n'est pas tout. Il y a aussi un article de la loi qui interdit, par exemple quand un des membres du couple est porteur d'une maladie génétique et qu'ils ne veulent donc pas prendre le risque de la transmettre à leurs enfants, de faire appel à un donneur d'ovocytes ou de spermatozoïdes extérieur à ce couple; tout cela au nom des «valeurs de la famille».
Enfin, peut-être pire encore, un autre article de cette même loi accorde à l'embryon les mêmes droits qu'à une personne vivante. C'est la porte ouverte à ce que, demain, la loi autorisant l'avortement puisse ainsi être remise en cause.
C'est pour se prononcer sur l'abrogation de ces quatre articles que, le 12 juin, les Italiens sont appelés à se rendre aux urnes. En effet, en Italie, la Constitution prévoit la possibilité d'organiser des référendums d'initiative populaire pour abroger des lois en vigueur. Il faut pour cela réunir en trois mois la signature d'au moins 500000 électeurs. C'est chose faite depuis janvier, à l'initiative du Parti Radical, coutumier de ce type de combat. Mais c'est trop pour les suppôts de l'Église catholique.
Comme il faut un minimum de 50% de participation au scrutin pour que celui-ci soit validé, les évêques ont appelé à l'abstention, au nom la «défense de la vie humaine et de la famille». Et lundi 30 mai, le pape les a félicités de s'être ainsi impliqués, pour «illuminer le choix des catholiques et de tous les citoyens».
Mais jusqu'à quand ces illuminés castrés qui, deux mille ans plus tard, croient encore à l'ange Gabriel annonçant à Marie dite la Vierge l'intervention d'un saint-esprit, continueront-ils à peser sur la vie des femmes?