Maroc : La répression contre les populations sinistrées02/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/06/une1922.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Maroc : La répression contre les populations sinistrées

En février 2004, un séisme se produisait dans la région du Rif marocain, dans la province d'Al Hoceima, provoquant la mort de plus de 500 habitants et laissant des centaines de blessés. Depuis ce jour, des centaines de familles demeurent dans un dénuement total, sommairement abritées en pleine montagne sous des abris de fortune, quelles que soient les intempéries et en dépit des promesses du gouvernement.

Abandonnés par les autorités dans cette situation précaire, les habitants de la région, en particulier dans le bourg de Tamassint (15000 habitants), se sont regroupés pour exiger des autorités que soit enfin versée l'aide promise de 30000 dirhams, environ 2700 euros, même si elle reste extrêmement insuffisante pour permettre la reconstruction des habitations. Une partie d'entre eux s'est constituée en association de défense des victimes du séisme. Pour rappeler que la situation durait depuis plus d'un an, cette association avait prévu, pour le 19 mai dernier, une marche de protestation en direction d'AlHoceima, distante d'une quarantaine de kilomètres. Cette annonce entraîna immédiatement l'arrestation de trois responsables de l'association, au motif qu'ils «empêchaient le fonctionnement de la commune», le déploiement d'importantes forces de police et de soldats et le blocage complet des routes autour de Tamassint.

Présentés à la justice le 16 mai, les trois membres de l'association se virent refuser leur mise en liberté.

Cette attitude des autorités n'intimida pas les habitants de Tamassint, visiblement encore plus décidés à exiger les indemnisations promises et, désormais, la libération de leurs concitoyens détenus. La manifestation prévue fut maintenue. Des centaines, voire plusieurs milliers de participants se sont retrouvés ainsi le 19 mai sur la route d'Al Hoceima, mais furent stoppés par l'interposition brutale des sbires du gouvernement, en grand nombre et appuyés par des hélicoptères larguant des bombes lacrymogènes. Les manifestants furent frappés sauvagement et poursuivis jusque dans les montagnes. Cette attaque contre la manifestation pacifique provoqua des dizaines de blessés, dont des enfants, et se conclut par l'arrestation d'encore une vingtaine d'habitants. Des récoltes de paysans furent également incendiées par les forces de police.

L'État marocain, qui se prétend sur la voie de la démocratisation, organise encore pour faire bonne figure les officielles «instances équité et réconciliation» où certains anciens détenus antérieurement poursuivis pour délit d'opinion peuvent, paraît-il, se voir rendre justice ou tout du moins être entendus. On comprend aisément pourquoi les populations du Rif concernées ont boycotté ces «instances»... La façon dont les autorités répondent par la répression aux protestations des sinistrés qu'elles ont auparavant abandonnés montre que le régime de Mohammed VI n'a rien à envier à celui d'Hassan II.

Le 30 mai, à Barcelone, deux mille manifestants, en partie originaire du Rif, ont protesté par solidarité avec les habitants de Tamassint, au moment même où une caravane de soutien arrivait dans cette commune, en provenance d'autres villes du Nord marocain. Tous réclamaient la libération immédiate de tous les détenus, l'arrêt des poursuites et la levée de l'encerclement policier de la région.

Lutte Ouvrière s'associe à ces revendications et affirme sa solidarité avec les militants et la population laborieuse de Tamassint et de la région.

Partager