«OM3 junior est un moyen simple d'apporter aux enfants qui ne consomment pas assez de poisson les éléments nécessaires à la bonne pratique de leurs activités intellectuelles et à leur équilibre émotionnel» déclare un laboratoire à propos d'un complément alimentaire pour enfants qu'il vient de commercialiser. Des produits, censés lutter contre la baisse de concentration, les moments de fatigue passagère ou autres désagréments, fleurissent dans les rayons des grandes surfaces et des pharmacies. Pour les laboratoires qui conçoivent et commercialisent ces produits, les enfants constituent un créneau profitable. Cela a suscité des protestations de pédiatres et de chercheurs, qui contestent les bienfaits attribués à ces pilules censées favoriser, entre autres, les performances scolaires des enfants. «On vend de la facilité, du rêve, on est à la limite de la tromperie» dénonce un chercheur de l'Inserm.

Eh oui, le complément alimentaire, élixir de jouvence des temps modernes, propose de la minceur, de la mémoire, du tonus, de la forme, un meilleur sommeil, une meilleure digestion et on en passe! Il y en a pour tous les âges, pour favoriser tout et n'importe quoi. Ainsi, les enfants ont droit à leur «concentré de magnésium au bon goût de chocolat».

Des sociétés spécialisées dans la diététique et les compléments alimentaires telles Boiron, Gerblé, Juvamine ou Oenobiol ne sont pas les seules à exploiter le filon. Nestlé, Unilever, Eridania Béghin-Say ou encore Danone sont aussi sur les rangs. Béghin-Say a participé à la mise sur le marché d'«Actilight», censé multiplier les bonnes bactéries dans l'intestin, Danone fait miroiter une promesse de santé avec «Actimel», censé jouer un rôle important dans le renforcement du système d'immunité naturelle.

Si les bienfaits pour la santé de ces produits sont discutables, leurs bienfaits pour les affaires de ces sociétés sont avérés: une organisation patronale dénommée «syndicat de la diététique et des compléments alimentaires» annonce un chiffre d'affaires global de 655 millions d'euros pour l'année 2003, en progression de 19%. Belle incitation à trouver des compléments alimentaires pleins de vertus et, s'ils n'en ont pas, à les inventer.