Corbeil (91) : Dassault veut détruire la Bourse du Travail02/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/06/une1922.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Corbeil (91) : Dassault veut détruire la Bourse du Travail

La spéculation foncière a envahi la ville de Corbeil-Essonnes, dans le sud de la région parisienne, dont le maire n'est autre que Serge Dassault, avionneur milliardaire et grand patron de presse.

Des immeubles de bon standing poussent aussi vite que sont détruites des tours et barres HLM des quartiers pauvres. L'avidité des promoteurs immobiliers est telle que le maire et son équipe ont décidé de détruire la Bourse du Travail, afin de vendre les terrains à l'un d'entre eux. Il faut dire que le troisième adjoint au maire est lui-même l'un des principaux promoteurs... et donc particulièrement intéressé par l'affaire.

Pas toucheà la Bourse du Travail!

La Bourse du Travail, qui abrite les organisations syndicales, est d'une grande utilité pour les travailleurs de l'agglomération. Elle est située à proximité de la gare RER et de la gare routière. C'est d'ailleurs cette situation exceptionnelle qui explique la convoitise des margoulins de toute espèce qui se complaisent dans les eaux troubles de la spéculation immobilière!

Les permanences de la Bourse du Travail accueillent chaque semaine quelques dizaines de salariés victimes des abus patronaux. Pour référence, la CGT a recensé en 2004 plus de 1600 cas de licenciement abusif condamnés par les Prud'hommes.

Un des derniers cas de licenciement dont se sont occupés les militants de la Bourse a été celui d'un salarié handicapé, pensionné par la Cotorep, employé par une entreprise de sous-traitance de nettoyage des évacuations de cuisines, de blanchisseries et de vidanges/déchets des hôpitaux. À 49 ans, après avoir travaillé cinq ans à récurer les canalisations des hôpitaux, sans vêtement de protection, avec un simple masque sur le nez et avec juste un produit «maison» à répandre dans les canalisations avant intervention, il a été licencié après une visite médicale qui a constaté une baisse de 50% de sa capacité respiratoire. Le patron a eu le culot d'expliquer à ce nettoyeur que sa capacité respiratoire était trop faible maintenant et que, s'il le gardait, il n'aurait pas l'accréditation pour traiter les locaux amiantés. Le travailleur a donc été licencié... pour insuffisance professionnelle!

En voulant détruire la Bourse du Travail, Dassault veut non seulement offrir des terrains à ses amis les spéculateurs immobiliers, mais aussi retirer aux salariés une défense que trouvent ceux qui y viennent. Et avec le mépris qui le caractérise, Dassault n'a même pas daigné prévenir les syndicats de son projet et a refusé tout déplacement de la Bourse.

Du chahutau Conseil municipal

Une première mobilisation de protestation a eu lieu lors du Conseil municipal du lundi 23 mai. De nombreux militants ouvriers, politiques et syndicaux, de gauche et d'extrême gauche, ont remplis la salle du Conseil. Ils étaient venus crier leur colère face aux méthodes du maire. Certains militants étaient également venus pour protester contre le refus de Dassault de donner des salles de réunion aux partis d'opposition et de publier leurs tribunes libres dans la presse municipale.

Après le refus de donner la parole au représentant de la CGT ainsi qu'aux partis de gauche et aux Verts, la bronca a été telle que Dassault a été contraint de quitter la salle. C'est son premier adjoint qui a dû faire face à la tempête. La situation était si houleuse que Le Parisien a pu titrer: «Le Conseil municipal de Corbeil avait été pris d'assault».

Même si la mairie n'a rien cédé sur la question, les militants présents ce jour-là sont ressortis avec un bon moral, tout surpris d'être en si grand nombre. Tous étaient d'accord sur un point: la mobilisation pour la défense de la Bourse du Travail de Corbeil ne fait que commencer.

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