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- Lutte ouvrière n°1922
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Dans les entreprises
La Poste – Centre de tri JJ.Bosc — Bordeaux-Bègles : Non à la répression patronale!Non aux suppressions d’emplois!
Jeudi 26 mai, La Poste a fait intervenir des commandos du GIPN, employé d'habitude lors des prises d'otages et contre les terroristes, pour arrêter et mettre en garde à vue des militants CGT et SUD luttant contre un plan de 48 suppressions d'emplois. Au total, neuf postiers sont mis en examen pour «séquestration», encourant de la prison ferme et des milliers d'euros d'amendes. Avec cinq autres (dont un de la CNT), ils sont aussi suspendus de fonctions avec menace de révocation et de licenciement pour un contractuel.
Lors du premier Conseil technique paritaire (CTP), le 22 avril, les suppressions d'emplois n'avaient pas été adoptées faute de quorum, les organisations syndicales refusant de siéger. Ce CTP avait été envahi par une centaine d'agents venus manifester leur hostilité. Le deuxième CTP, le 11 mai, s'est aussi déroulé dans une salle envahie par plus d'une centaine de postiers. La direction présentait la troisième mouture de son plan, celle décidée en fait à l'avance, les deux premières étant là pour la mascarade. Les six membres de la direction, qui n'avait alors plus besoin de quorum, l'ont entérinée sous les yeux des postiers qui ont protesté en votant eux massivement contre!
Au centre de tri les agents, essentiellement de la nuit, se sont par ailleurs mis plus d'une dizaine de fois en grève. À chacune de leurs actions, ils ont eu droit à des sanctions, des contrôles d'huissiers, des intimidations. Sanctions pour avoir refusé de faire le travail de grévistes, sanctions pour avoir renversé des conteneurs vides, mis en grève d'office pour assemblée générale non autorisée ou pour ne pas avoir repris immédiatement le travail après une prise de parole de la direction... Quant aux grèves, la direction ne s'est pas privée de les contourner en faisant trier le courrier dans ses centres de tri parallèles.
Mercredi 25 mai, à l'occasion d'un CHSCT (Comité d'hygiène et sécurité conditions de travail) extraordinaire, des travailleurs du centre, exaspérés par l'attitude de la direction, ont décidé en assemblée générale de forcer celle-ci à ouvrir la discussion sur le plan de suppressions d'emplois qu'elle considérait comme définitif. Lors du CHSCT, à 15h30, la réunion a été envahie par environ 70 postiers qui ont demandé la réouverture des négociations. Par ailleurs, les différentes brigades du centre se mettaient en grève les unes après les autres et le centre de tri se retrouvait en arrêt total.
Très vite, la direction chercha l'incident en demandant l'intervention de la police et en ne faisant aucune proposition, cela sur les consignes de la direction régionale. Les cinq membres de la direction refusèrent de manger, préparant sans doute là un de leurs futurs mensonges pour leur dossier. Ils restèrent toute la nuit dans un mutisme total, ne proposant qu'un hypothétique rendez-vous deux jours plus tard, ce qui était inacceptable. Le lendemain, vers midi, suite au dépôt de plainte de La Poste pour «séquestration» contre neuf postiers désignés nommément, le préfet fit intervenir des commandos du GIPN et des cars de CRS. Ils ne trouvèrent aucun obstacle pour récupérer les directeurs, mais repartirent en force avec cinq syndicalistes. Un sixième fut arrêté l'après-midi et les trois autres se présentèrent le vendredi matin à la police. Jeudi, cinq autres travailleurs du centre apprenaient leur suspension avant une sanction pouvant aller jusqu'à la révocation.
Jeudi 26 et vendredi 27 mai, dans Bordeaux, il y a eu des rassemblements de 200 à 300 travailleurs de La Poste et de syndicalistes, devant l'hôtel de police et devant le tribunal, montrant ainsi leur solidarité envers les militants arrêtés et mis en garde à vue. Des grèves se sont déclenchées, notamment à la Plate-Forme Colis (PFC) et au centre de distribution de Bordeaux RP. Des assemblées générales au Centre régional des services financiers, CRSF, et des manifestations de protestation dans le bâtiment et dans les étages de la direction régionale ont montré toute la colère et le dégoût que ces méthodes inspirent. C'est au bout de 30 heures que les neuf «syndicalistes terroristes» ont été relâchés des mains de la brigade de recherche criminelle, pour passer devant le juge d'instruction qui les a libérés un par un après les avoir mis en examen. Ils ont été accueillis jusqu'à 23h par de nombreux postiers et travailleurs, heureux de les récupérer!
Depuis, la grève des brigades de nuit s'est renforcée au centre de tri, débordant sur une partie des brigades de jour. Au CRSF (Services financiers), à la Plate-Forme des Colis, des travailleurs se sont mis en grève lundi 30 mai. Ce jour-là, 300 travailleurs se sont rassemblés à midi devant la direction régionale et ont appelé à s'y retrouver tous les jours. Jeudi 2 juin devait être une journée de grève aux Services financiers et de manifestation à Bordeaux contre les plaintes, contre les sanctions et contre les suppressions d'emplois. Beaucoup souhaitent que le mouvement prenne encore de l'ampleur pour soutenir les quatorze travailleurs menacés, le premier d'entre eux, le camarade contractuel, étant convoqué le 10 juin pour être sanctionné.
Quatorze postiers et militants sont pris en otages par la direction de La Poste, qui espère sans doute par là faire peur et arrêter tout mouvement de contestation de sa politique de suppressions d'emplois. Beaucoup de postiers de Bordeaux sont déterminés à lui prouver qu'ils ne se laisseront pas intimider!