Média Tec (Région de Sochaux) : Trois ouvrières licenciées imposent leur réintégration en contrat à durée indéterminée02/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/06/une1922.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Média Tec (Région de Sochaux) : Trois ouvrières licenciées imposent leur réintégration en contrat à durée indéterminée

Média Tec, une petite entreprise de plasturgie dans la région de Sochaux, fournit entre autres des vide-poches pour la voiture Peugeot 307 pour Faurecia, un équipementier automobile dont PSA est actionnaire à 71%. Elle emploie une quarantaine d'ouvriers, intérimaires compris. La direction pensait qu'elle pouvait continuer à bafouer en toute impunité le peu de règles qui régissent le recours à l'intérim. Trois ouvrières intérimaires déterminées, respectivement âgées de 57, 52 et 53 ans, lui ont démontré l'inverse.

Le 9 mars dernier, après avoir été intérimaires sans interruption pendant quatre ans, avec 92 contrats successifs pour accroissement d'activité pour l'une, trois ans avec 81 contrats pour la seconde et onze mois avec 40 contrats pour la dernière, les trois ouvrières étaient renvoyées. Le 25 mars, toutes les trois allaient s'adresser à la permanence intérim CGT mise en place une semaine plus tôt. Elles demandèrent aux militants de Peugeot-Sochaux, Faurecia et Trecia qui tenaient cette permanence de les aider à attaquer leur patron au tribunal des prud'hommes, et envoyèrent un courrier au directeur pour réclamer leur embauche sous huit jours, faute de quoi elles le mèneraient au tribunal. Rendez-vous était pris pour la semaine suivante.

En attendant ce rendez-vous, le moral gonflé à bloc, une des trois intérimaires allait essayer de convaincre ceux qui travaillent encore en intérim dans l'usine de s'y mettre tous ensemble. Les huit jours écoulés, il n'y avait pas de réponse du directeur. Les trois intérimaires n'étaient pas embauchées mais le directeur, lui, était viré sur-le-champ! La direction générale du groupe Sibille, qui regroupe quelques usines dont Média Tec, avait compris que cela sentait le roussi...

Le nouveau directeur refusa, par courrier, les embauches réclamées et le 29avril les trois dossiers furent déposés au tribunal des prud'hommes de Montbéliard. Le même jour, une conférence de presse avait lieu pour dénoncer publiquement cette affaire.

Le 23 mai, jour de l'audience, le directeur finit par accepter une conciliation, non sans avoir tenté, en vain, quelques manoeuvres de dernière minute. À l'audience, les intérimaires affirmèrent avec conviction qu'elles voulaient être embauchées toutes les trois ensemble, et elles acceptèrent le contrat à durée indéterminée qu'on leur proposait, avec la garantie qu'elles ne seraient pas licenciées dans un mois ou plus tard.

Les trois intérimaires ont donc obtenu un CDI avec l'ancienneté correspondant à toutes leurs périodes d'intérim respectives (ce qu'elles réclamaient) et 1000 euros de dommages et intérêts chacune. Il a été décidé qu'elles reprendraient le travail le lundi 30 mai, aux horaires qu'elles avaient précédemment.

Le 27 mai, deux d'entre elles ont signé leur contrat d'embauche et empoché leur chèque de 1000 euros. En visitant l'usine, elles ont vu qu'en outre des ventilateurs avaient été mis à tous les postes de travail et que des vaporisateurs d'eau, pour se rafraîchir le visage, venaient d'être achetés. La troisième, qui travaille de nuit, a signé son contrat le 30mai.

Ce que ces trois intérimaires ont réussi à obtenir a été bien accueilli par les ouvriers de Peugeot-Sochaux et ceux des autres usines de la région. C'est la démonstration de la façon dont les patrons jonglent avec leur propre légalité pour imposer la précarité à toute une partie des travailleurs. Jusqu'au jour où, comme on dit, ils tombent sur un os.

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