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Dans les entreprises
Entreprises de sûreté des aéroports : Une première grève tous ensemble
Jeudi 12 et vendredi 13 mai, la CGT, rejointe par la plupart des autres syndicats, appelait les agents de sûreté des aéroports à faire grève pour leurs salaires.
À l'échelle de tout le pays, on dénombre 8000 salariés d'entreprises sous-traitantes des compagnies aériennes et des aéroports qui traitent des diverses opérations dites de sûreté: contrôle des bagages et des passagers avant l'envol. Ces opérations, auparavant assurées par des organismes publics, concessionnaires ou gestionnaires des aéroports (tel ADP, Aéroports de Paris), ont été petit à petit concédées à des entreprises privées comme Asa, la Brinks, ICTS, Securitas ou Alyzia, pour ne citer que les principales de celles qui emploient environ 3500 salariés sur la plate-forme aéroportuaire de Roissy-Charles-de-Gaulle.
Dans ce secteur atomisé entre de multiples entreprises, dont les salariés sont disséminés sur des lieux de travail différents, les patrons s'en donnent à coeur joie. C'est le règne des salaires à 1100 euros net pour des horaires à rallonge avec, en prime, la pression constante des donneurs d'ordres (compagnies, aéroports) et des organismes publics de contrôle du transport aérien et des frontières. Ceux-ci veulent que les opérations de vérification des passagers et des bagages soient menées le plus méticuleusement mais aussi le plus rapidement possible.
C'est également un domaine où les entreprises se livrent une concurrence au couteau pour arracher des contrats de sous-traitance à ADP ou aux compagnies, en en faisant supporter les conséquences aux salariés: chaque renouvellement de contrat se traduit, en cas de changement ou de rachat de société, par le réemploi d'une fraction seulement du personnel.
Face à une telle situation, un mouvement de grève avait déjà diversement touché certaines entreprises du secteur en 2002. Mais, à la veille de ce week-end de Pentecôte, pour la première fois, c'est toute la profession qui était appelée à se mobiliser dans la grève pour des salaires décents (en revendiquant, par exemple, 200 euros d'augmentation chez Securitas à Roissy), un 13e mois et la reprise à 100% du personnel en cas de changement de concessionnaire.
On connaît les entraves au droit de grève qui existent dans ce secteur, avec l'obligation de déposer un préavis de cinq jours, dont bien des patrons cherchent systématiquement à contester la validité, ce qui fait que, cette fois, des préavis ont été déposés en présence d'un huissier. Ce mouvement a néanmoins été un succès. À Roissy, jeudi 12 mai, selon le préfet de région aérienne, 1500 travailleurs auraient fait grève. Plus d'un demi-millier ont parcouru en manifestant les divers terminaux ainsi que les zones centrales de l'aéroport, là où se trouvent le siège d'Air France et les bureaux des principales entreprises de sûreté.
À cette occasion, beaucoup de salariés, dont c'était la première grève, étaient heureux de montrer qu'ils en ont assez de leur situation, et peut-être plus encore de pouvoir le faire, non pas chacun de son côté, mais «Tous ensemble!», un des slogans les plus repris, et avec le plus d'enthousiasme, par les manifestants.
Certes, si la CGT avait maintenu son appel à la grève illimitée pour le vendredi 13 mai, les autres syndicats se sont précipités sur la promesse du préfet d'organiser une table ronde des «partenaires sociaux» pour lever leur appel à la grève. Mais ce n'est que partie remise, vu les conditions de travail et de salaire de plus en plus indécentes que le patronat voudrait imposer. Des grévistes ont d'ailleurs relevé que ce patronat, s'il impose aux salariés des conditions de sélection draconiennes (tel le double agrément par le préfet et par le procureur), en les justifiant par les exigences du métier et de la police, s'assoit sur ses propres critères quand il essaye de remplacer des grévistes par des cadres ou du personnel venu de l'étranger, qui n'ont ni la formation requise, ni les agréments censés garantir la sûreté des vols qu'ils desservent.