Lundi de Pentecôte travaillé : C’est raté20/05/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/05/une1920.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Lundi de Pentecôte travaillé : C’est raté

Mardi soir 17 mai, Raffarin est apparu sur les petits écrans, pour nous expliquer une fois de plus qu'un non au référendum serait une catastrophe, dans le style: c'est au pays que je pense, je ne me préoccupe pas de mon avenir personnel. C'est tout juste s'il n'a pas ajouté: j'ai fait don de ma vésicule biliaire à la France.

Raffarin est sans doute un adepte de la méthode Coué, car il continue d'affirmer, face aux chiffres, y compris les plus officiels, qui montrent obstinément le contraire, que, croix de bois, croix de fer, le chômage va diminuer en 2005.

C'est avec le même air patelin et madré (mais tellement surjoué, comme disent les acteurs, que tant d'hypocrisie devenait de la sincérité) qu'il venait, au lendemain du lundi de Pentecôte, se féliciter de la prétendue réussite de son initiative, en ajoutant qu'il faudrait faire un bilan plus tard, mais qu'il ne fallait surtout pas de polémique à ce sujet. On comprend ce souhait, car le moins que l'on puisse dire c'est que tout ne s'est pas passé aussi bien pour le gouvernement que Raffarin le laissait entendre.

Anticipant sur l'attitude des salariés, nombre de patrons avaient décidé soit de fermer leur entreprise, soit d'accorder largement des jours de RTT. À la SNCF, la direction avait pris les devants en déclarant que la journée resterait fériée et que les 100000 cheminots devraient récupérer 1 minute 52 par jour, ce qui apparaissait pour ce que c'était: un recul devant la menace d'une grève dans tout le réseau. Dans de nombreuses villes, les services de transport en commun ont en effet été touchés par des grèves de protestation. Et de nombreux travailleurs, du secteur public comme du secteur privé, qui n'entendaient pas se laisser voler ainsi une journée de travail, ont fait grève ce jour-là.

Que n'a-t-on pas entendu sur le «devoir de solidarité» et sur la nécessité de «financer la solidarité»! Tous les ministres se sont confondus en leçons de morale à l'adresse des salariés, et d'eux seuls d'ailleurs. Mais il ne faudrait quand même pas inverser les rôles! Car en fait d'incompétence, d'absence de générosité et de sens de la solidarité, le gouvernement et ses ministres sont aux premières loges. Depuis la canicule de l'été 2003, qu'est-ce qui a été fait pour qu'un tel drame ne puisse pas se renouveler? Quasiment rien. Si la solidarité avait un sens pour ces gouvernants, elle ne consisterait pas à tenter de faire travailler gratuitement les salariés, sous prétexte d'alimenter une caisse dont chacun sait pertinemment qu'une bonne partie des fonds ne parviendra jamais aux personnes âgées. Elle consisterait à prendre sur les profits des entreprises, qui ont encore crevé les plafonds cette année, et à mettre immédiatement en oeuvre les mesures nécessaires.

Ce lundi de Pentecôte, les travailleurs ont été très loin d'obtempérer aux ordres de Raffarin. Cela signifie un échec pour le gouvernement et l'incitera peut-être à tenter autre chose pour financer ce qu'il ose appeler la «solidarité» envers les personnes âgées.

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