Carrefour-Le Merlan Marseille : Les travailleurs défendent leur délégué20/05/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/05/une1920.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Carrefour-Le Merlan Marseille : Les travailleurs défendent leur délégué

Le patron de Carrefour, cette entreprise dont le précédent PDG est parti avec un pactole de plus de 38 millions d'euros, poursuit sa procédure de licenciement contre un délégué du personnel de Carrefour-Le Merlan à Marseille, Mohamed Bedhouche, aidé en cela par l'institution judiciaire.

Lundi 9 mai, celui-ci était convoqué à un entretien préalable de licenciement. Il s'y rendait, accompagné d'une centaine de personnes qui firent retentir le magasin des cris de «réintégrez Momo», pendant plus d'une heure.

Si Mohamed Bedhouche est menacé de licenciement, c'est qu'il a fait son travail de délégué. Il était intervenu pour défendre un jeune employé, menacé de licenciement pour avoir récupéré, sans le payer, un paquet de crevettes surgelées abîmé. Il avait été accusé d'avoir fait pression sur le vigile à qui la direction avait demandé d'accuser le jeune, pour le faire revenir sur sa dénonciation: Mohamed Bedhouche lui avait dit de «dire la vérité».

Pour cela, Mohamed Bedhouche et le père du jeune homme avaient été condamnés à six mois de prison dont quinze jours ferme pour Mohamed Bedhouche et un mois ferme pour le père. Immédiatement enfermé, Mohamed Bedhouche devait passer douze jours à la prison des Baumettes en octobre dernier. Le 25 avril la cour d'appel jugeait sur le fond. Elle confirmait sa condamnation de principe pour tentative de pression sur le témoin, mais jugeait que la peine de prison était injustifiée et donc annulée (après qu'elle a été effectuée!). Enfin, considérant que «Carrefour n'a subi aucun préjudice», elle déboutait les magasins Carrefour de toute demande de dommages et intérêts.

Mis à pied de Carrefour depuis six mois, Mohamed Bedhouche recevait le 30 avril sa lettre de convocation à l'entretien préalable de licenciement.

Interdit de présence par la direction de Carrefour, Mohamed Bedhouche continuait de venir dans la galerie marchande attenante au magasin. Lors de la grève nationale du 25 mars dernier pour les salaires dans tous les magasins Carrefour, il diffusait des tracts dénonçant la direction qui supprimait une prime d'intéressement et proposait une augmentation dérisoire alors qu'elle augmentait les dividendes des actionnaires de 27% et remerciait son PDG en lui versant plus de 38 millions d'euros!

On comprend que, pour poursuivre sans encombre cette exploitation rapace des travailleurs, la direction souhaite se débarrasser d'un militant syndical actif et apprécié. Mais c'est aussi pour cela que les salariés, eux, n'ont sans doute pas dit leur dernier mot quant à la défense de leur délégué.

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