C’est dans la grève ou dans la rue que nous dirons Non à Chirac, pas dans les urnes20/05/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/05/une1920.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

C’est dans la grève ou dans la rue que nous dirons Non à Chirac, pas dans les urnes

Il n'en finit pas de se marcher sur les pieds, le gouvernement. Il a voulu tenter deux coups de pub.

Le premier, sur le dos des vieux, avec cette fameuse journée nationale de «solidarité» du lundi de Pentecôte... Le hic, c'est que cet appel à la solidarité ne visait que les salariés! Les grandes fortunes et les professions libérales étaient exemptées de la journée de corvée. Le deuxième hic, c'est que tout le monde sait que le gouvernement s'empresse d'économiser sur les lits d'hôpitaux... d'abord au détriment des vieux. Ce nouveau racket ajouté à une belle hypocrisie, personne ne l'a avalé. C'est pour cela que les salariés qui ont eu raison sont ceux qui ont refusé de travailler, imposé à leur patron le jour férié dont le gouvernement voulait les priver, ou fait grève. Sans se laisser bluffer par la perspective du prochain référendum.

Car le deuxième coup de pub, c'était ce référendum. En fait, le gouvernement se fiche royalement du texte de la constitution européenne. L'Europe capitaliste, celle des multinationales et du chômage, elle est déjà faite... sans constitution. Il n'y a que Giscard, notre momie présidentielle nationale, pour y tenir un peu, par amour propre, puisque c'est entre autres à lui qu'on doit la rédaction de ce pavé indigeste et illisible. Ce genre de travaux d'inutilité publique générale est réservé aux princes de la République à la retraite. Mais, c'est bien connu, les constitutions, c'est fait pour s'asseoir dessus. La constitution française proclame bien les droits de l'homme, la fraternité, ou l'égalité, et on voit ce qu'il en est. La constitution européenne, ce sera la même chose. Nous n'avons aucune raison d'y prêter plus d'importance que nos exploiteurs ne le font.

Ce référendum, c'était à usage intérieur. Avec dans l'idée d'obtenir pour Chirac un Oui à peu de frais. Eh bien là aussi, Chirac pourrait rencontrer le fiasco. Mais que le Non ou le Oui l'emporte, sachons que cela ne changera strictement rien à la politique gouvernementale, et ne règlera aucun des problèmes réels des travailleurs.

C'est le Non de ce lundi de Pentecôte, pas celui du 29 mai, qui inquiète le gouvernement. Car les travailleurs viennent de faire la preuve qu'ils pouvaient par leur désobéissance rendre les décisions de Chirac et Raffarin nulles et non avenues. C'est ce Non qui devrait trouver un prolongement dans nos mobilisations à venir, bien plus efficacement qu'un Non sur un bout de papier dans l'urne dans quinze jours.

Pour plusieurs raisons.

D'abord, parce que le Non au référendum ne se distinguera pas du Non des Le Pen et des de Villiers. Et quant au Non qui se dit «de gauche», c'est celui de politiciens qui ont mené exactement la même politique que Chirac il n'y a pas si longtemps. Des gens comme Fabius, Emmanuelli, Mélenchon ou Buffet, tous ces ex-ministres qui voudraient se refaire une virginité sociale en attendant les futures présidentielles.

Ensuite, avant comme après le référendum, il importe que les travailleurs se préparent à engager un véritable bras de fer avec le patronat et les différents gouvernements, de droite ou de gauche, qui sont à ses ordres. Et un bras de fer victorieux. Cette victoire des travailleurs, ce n'est ni un référendum, ni un changement de président en 2007, qui la permettra. C'est une vague de fond, au moins aussi irrésistible que mai 68.

C'est d'un tel séisme social dont ont peur aussi bien les Chirac et Raffarin, que les Fabius, Hollande, Jospin ou même Buffet. Aux travailleurs qui ont dit Non lundi dernier, à ceux qui pensent le dire dans quinze jours, comme à ceux qui préféreront s'abstenir ou ceux qui croiront dire Oui à l'abolition des frontières, de se préparer aux choses sérieuses: rassemblons-nous, non pas pour porter au gouvernement les mêmes vieux chevaux de retour, mais pour faire converger nos luttes, pour nous mobiliser tous ensemble, pour faire vraiment trembler les puissants, et renverser, enfin, le rapport des forces.

Éditorial des bulletins d'entreprises l'Étincelle de la minorité du lundi 16 mai 2005

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