Dans la lignée de ses prédécesseurs Pasqua, Chevènement et Sarkozy, le ministre de l'Intérieur de Villepin a présenté mercredi 11 mai un nouveau «plan de lutte contre l'immigration clandestine», qui renforce encore plus les pouvoirs de la police et des autorités locales pour traquer les immigrés en situation irrégulière et va multiplier les contrôles et les brimades envers tous les immigrés.

Ce plan prévoit d'abord la création d'une «police de l'immigration», spécialement chargée de faire la chasse aux sans-papiers et de les expulser, police dont, selon les termes de de Villepin, la PAF (police aux frontières) sera «le noyau dur». Déjà, ses effectifs ont été augmentés de 600 hommes. Des scènes comme celle qui s'est produite récemment, où une petite Ghanéenne de cinq ans est restée seule pendant trois jours dans la zone d'attente de Roissy avant de pouvoir retrouver sa mère, vont donc se multiplier. De même que les expulsions brutales, où des immigrés baillonnés et menottés sont embarqués de force dans des avions.

De Villepin a aussi annoncé son intention de rendre plus difficile l'entrée des étrangers en France. Il n'était déjà pas facile d'obtenir un visa, même de court séjour, quand on vient d'un pays pauvre; mais les formalités vont encore se compliquer et les contrôles seront renforcés. De même, les mariages effectués à l'étranger ne seront pas obligatoirement validés en France; les mairies pourront constituer un fichier des personnes ayant rempli des attestations d'accueil et les régularisations ne seront accordées qu'au compte-gouttes.

La police ou les différentes autorités locales n'ont pas attendu ce plan pour multiplier les contrôles, les tracasseries, les brimades ou les reconduites à la frontière des immigrés sans papiers. Les déclarations de De Villepin, voulant faire de «la lutte contre l'immigration clandestine la priorité de la sécurité publique», visent en fait en priorité à complaire à un électorat raciste et xénophobe qui vote Le Pen, voire à tenter de le ramener dans le camp gouvernemental, à quinze jours d'un référendum qui s'annonce difficile pour Chirac et Raffarin. Et ce sont ces mêmes gens qui osent prétendre que ceux qui disent «non» à cette Europe des riches manqueraient de générosité et de fraternité!

Des manifestations ont déjà eu lieu à Paris et dans différentes villes de province, pour protester contre le plan du gouvernement et pour demander la régularisation des sans-papiers. Lutte Ouvrière s'associe à toutes ces protestations.