Directive sur le temps de travail : Les «satisfactions» des députés européens20/05/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/05/une1920.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Directive sur le temps de travail : Les «satisfactions» des députés européens

Le Parlement européen a adopté mercredi 11 mai une résolution proposant de supprimer à l'horizon 2010 les dérogations permettant aux États membres de l'Union européenne de dépasser la durée maximale de 48 heures par semaine. La Commission européenne, composée de représentants nommés par les États membres, proposait en effet aux parlementaires d'approuver une directive visant à généraliser cette dérogation, appelée «opt out», introduite par le gouvernement britannique en 1993.

Le résultat de ce vote a suscité l'enthousiasme de députés, et en premier lieu du socialiste espagnol Alejandro Cercas, puisqu'il est l'auteur de la résolution adoptée à Strasbourg. «Les citoyens européens demandent ce que l'Union européenne peut faire pour eux. C'est une réponse», a-t-il déclaré.

Ainsi donc ce texte qui prévoit 48 heures de travail par semaine, près de soixante-dix ans après l'obtention des 40 heures par les travailleurs, suite à la grève générale, en 1936, en France, serait une avancée sociale! Bien des travailleurs risquent fort de ne pas en être convaincus, d'autant que cette limitation du temps de travail à 48 heures est valable en moyenne seulement, et que les parlementaires ont accepté que cette moyenne soit calculée non plus sur quatre mois, mais sur douze. Autrement dit, il reste la possiblité pour les patrons de faire travailler bien plus, jusqu'à 65 heures par exemple, certaines semaines. Voilà donc ce que les députés ont voté et qui constituerait une «grande victoire» sur le libéralisme, selon des députés socialistes comme Françoise Castex ou Béatrice Patrie. Voilà donc ce que la CGT présente comme un «premier recul» ou que le Trade Union Congress pour le Royaume-Uni salue comme «un compromis dans le bon sens».

Mais de plus, le jour même du vote, la Commission faisait savoir qu'elle refuserait de prendre en compte le vote du Parlement, s'appuyant sur le fait qu'elle a l'initiative des lois. Le Conseil européen des ministres, composé des ministres de chaque État membre de l'Union européenne, a d'ailleurs toute la liberté légale de le remettre en cause. Les ministres des États hostiles à la suppression de l'«opt out» peuvent décider de l'appliquer ou pas.

Cela juge du peu de poids des parlementaires européens, dont les pouvoirs de décision ne seront pas vraiment renforcés par la Constitution européenne. Ils peuvent toujours «causer», les gouvernements de chaque État membre, au bout du compte, feront ce qu'ils veulent, ou plus exactement ce que veut le patronat dont ils servent les intérêts.

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