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Leur société
Bourses : Et plus dure sera la chute
Cette semaine, après la déclaration de faillite de WorldCom, l'un des plus gros opérateurs téléphoniques, les autorités américaines ont, sans succès, tenté de ramener le calme à la Bourse de New York. Condamnant les fraudes comptables des entreprises, Bush est lui-même intervenu devant le Congrès pour qu'il prenne rapidement des mesures aptes à restaurer la " sécurité économique ".
Il n'empêche que Wall Street a continué de s'effondrer, tombant en dessous du plancher atteint au lendemain des attentats du 11 septembre dernier, pour retrouver ses niveaux de 1996. Au total, 7 700 milliards de dollars de capitalisation boursière sont partis en fumée depuis mars 2000, dont 3 100 milliards rien que depuis le début de l'année.
Et de Tokyo à Londres, en passant par Paris, les autres marchés boursiers suivent. En recul de plus de 20 % depuis le début du mois, le CAC 40, l'indice des valeurs à Paris, s'est établi à 3 150 le 22 juillet, contre plus de 6 900 en septembre 2 000, au plus haut de la phase spéculative.
Dans cette spirale à la baisse, que rien ne semble pouvoir arrêter, c'est à qui prononcera les propos les plus rassurants afin d'éviter qu'un vent de panique n'aggrave la situation. Ainsi, le Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, s'est adressé aux boursicoteurs pour leur dire qu'ils devaient " garder confiance, l'économie européenne n'étant pas l'économie américaine ".
Après des années d'euphorie, où le cours des actions n'a cessé de monter, et à des rythmes sans rapport avec la croissance réelle de l'économie mondiale, le balancier est reparti dans l'autre sens. Et même si certains prévisionnistes se plaisent encore à croire qu'on assiste à " la purge finale ", plus personne ne se risque à prédire quand les marchés boursiers auront touché le fond ni quels dégâts auront alors été occasionnés.
Certes, bon nombre des milliards de dollars ou d'euros que l'on dit s'être volatilisés n'étaient que pure fiction et n'avaient de valeur que tant que la confiance les soutenait. Ce système était fou, certes, mais il permit à de nombreuses entreprises de voir leurs profits gonfler, ce qui leur donnait la possibilité de réaliser massivement des acquisitions, ou encore de distribuer d'importants dividendes à leurs actionnaires. Or ce sont ces mêmes entreprises qui se retrouvent aujourd'hui dans une situation financière délicate. Au point que la chute des Bourses suscite une inquiétude croissante quant à l'avenir de certains groupes d'assurances ou bancaires, et plus généralement de certains groupes industriels.
Reste qu'après avoir payé les conséquences de la phase spéculative, par une dégradation de leurs conditions de travail et le blocage des salaires, les travailleurs risquent encore de faire les frais de la baisse, par des plans de restructuration et des licenciements en chaîne.