Matra-Automobile Romorantin (Loir-et-Cher) : Des centaines de licenciements annoncés26/07/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/07/une1774.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Matra-Automobile Romorantin (Loir-et-Cher) : Des centaines de licenciements annoncés

Le groupe Lagardère vient d'annoncer qu'il entend se débarrasser d'une partie du personnel de Matra Automobile Romorantin. Le prétexte en est la fin de la production de l'Espace, commercialisée depuis 1984 par Renault, qui produira désormais un monospace sur ses propres chaînes de montage. Sur près de 2 000 salariés actuellement, la direction annonce jusqu'à 450 suppressions d'emplois dans les mois à venir, alors que les syndicats évoquent le chiffre bien plus vraisemblable de 800 emplois supprimés d'ici un an.

Avec le succès de l'Espace, Matra Automobile est devenu le premier employeur de la région. Avec les sous-traitants et les emplois induits, c'est toute une partie de la Sologne qui dépend des activités de Matra Automobile.

Mais le désengagement annoncé de Renault et le faible succès du dernier concept de Matra, le luxueux coupé Avantime, sonnent comme une condamnation du site.

Toutes étiquettes confondues, les responsables politiques locaux et régionaux s'agitent. Mais que ce soit le député UMP ou le maire PS de Romorantin (lui-même ex-directeur d'une des filiales de Lagardère-Hachette dans l'édition), l'un et l'autre n'envisagent que des incitations financières supplémentaires à offrir à Matra.

À les en croire, il n'y aurait aucun moyen d'imposer à Matra de préserver les emplois, aucun moyen de le contraindre à reconvertir le site - si tant est que cela soit nécessaire. Pourtant, le groupe Lagardère n'a rien d'une fragile PME. C'est un empire qui contrôle la plus grande part de l'édition en France ; c'est aussi un des principaux actionnaires de Vivendi Universal, CanalSatellite, etc. Aujourd'hui, avec la prise de contrôle de l'Aérospatiale et la constitution du géant EADS, c'est aussi le numéro un européen de l'aviation et de l'espace. Le groupe Lagardère, c'est la fusée Ariane, Airbus, Eurocopter, Eurofighter, mais c'est aussi, en tant qu'actionnaire majoritaire de Dassault-Aviation, les Mirage, les Rafale... Si, en France, un groupe dépend pour son chiffre d'affaires des commandes de l'État, c'est bien celui-là.

Alors, Lagardère peut et doit payer, car il n'est pas question d'accepter que le sort des ouvriers de Matra et de toute une région ne pèse guère. Et puis, rien ne dit que les travailleurs et la population se feront passivement à l'idée que la relative embellie économique de la Sologne ces quinze dernières années n'aura duré que le temps d'un modèle de voiture !

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