Etats-Unis : Avec la chute de la bourse, les retraites complémentaires mises à mal26/07/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/07/une1774.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Etats-Unis : Avec la chute de la bourse, les retraites complémentaires mises à mal

Depuis quelques mois, la faillite spectaculaire de grandes entreprises américaines, comme Enron, WorldCom et bien d'autres, a entraîné non seulement des licenciements massifs, mais aussi la perte de leur retraite complémentaire pour les salariés de ces entreprises.

Cela est d'autant plus catastrophique que le régime public de retraite appelé " social security " n'offre au mieux qu'une pension de retraite équivalant à 42 % du salaire des meilleures années et souvent beaucoup moins, parfois seulement 26 %.

Aussi indispensables soient-elles, les retraites complémentaires sont laissées à l'initiative privée des patrons, si bien que près de la moitié des salariés n'en bénéficient pas.

Dans les grandes entreprises, les patrons ont trouvé avantage à négocier avec les syndicats des plans de retraites complémentaires maison pour leurs salariés, qui leur permettaient ainsi de limiter les augmentations de salaires tout en liant les salariés à l'entreprise.

Depuis 1982, un nouveau système de fonds de pension a été mis en place, tellement avantageux pour les patrons que ce système remplace de plus en plus tous les autres. C'est le système dit 401(k), du nom de l'article de loi qui l'autorise. Extrêmement désavantageux pour les salariés, car il ne leur garantit même pas le capital investi et encore moins le versement d'une pension à vie ! Plus de 42 millions de salariés " bénéficient " d'un tel fonds.

Les entreprises de plus en plus nombreuses qui ont adopté ce système incitent les salariés à y investir leurs économies sous forme d'actions de l'entreprise, qu'ils sont obligés de conserver ensuite jusqu'à 50 ou 55 ans. Les patrons y contribuent peu, là aussi sous forme d'actions de l'entreprise le plus souvent. C'est ainsi que le fonds de pension des salariés de McDo comporte 70 % d'actions maison, celui de Coca Cola 81,5 %, celui de Procter et Gamble 94,7 %. Les employeurs ont réduit d'autant plus leurs contributions, ces dernières années que l'envolée de la Bourse, en faisant grimper la valeur des actions, augmentait automatiquement d'autant les sommes théoriquement affectées à ces fonds.

De fait, le prix des actions a monté au point que les patrons constatent que leurs fonds présentent des " excédents " considérables, qu'ils ont eu vite fait d'éponger... en se les appropriant ! C'est ainsi que les patrons ont retiré plus de 20 milliards de dollars (20 milliards d'euros) de quelque 2000 fonds de pension entre 1980 et 1990. Après que cette pratique a été déclarée illégale par le Congrès en 1993, les patrons ont tout bonnement pratiquement cessé de cotiser, laissant la Bourse augmenter d'elle-même les sommes qui étaient placées dans ces fonds. Les patrons ne se sont pas privés non plus " d'emprunter " l'argent des fonds, pour racheter d'autres entreprises par exemple.

Alors évidemment, depuis que le prix des actions à la Bourse diminue, les sommes destinées aux retraites complémentaires fondent aussi vite qu'elles avaient grossi et les " excédents " se sont transformés en déficit à combler. En deux ans et demi, les sommes investies dans les fonds de pension ont déjà diminué de 20 %, de près de 1000 milliards de dollars ! Le fonds de pension de Ford par exemple, qui révélait un " excédent " de 600 millions de dollars à la fin 2001, affichait un déficit de 3,2 milliards de dollars six mois plus tard ! Et ne parlons même pas des entreprises qui ont déposé leur bilan et dont les actions, en s'effondrant, ont réduit à néant les sommes investies dans leurs fonds de pension. Le mouvement s'est considérablement accéléré depuis quelques semaines.

Il n'est pas question pour les patrons de remettre dans ces fonds les " excédents " qu'ils se sont appropriés, ni de verser les sommes qu'ils s'étaient engagés à verser. Bien au contraire, les trous existant maintenant dans les fonds de pension constituent un nouvel argument que les patrons utilisent pour obtenir des syndicats une renégociation à la baisse des contrats, imposant de nouveaux sacrifices aux travailleurs, une refonte des fonds de pension plus défavorable encore, avec parfois chantage à leur suppression complète à la clef !

Ce système de retraite par capitalisation, qui consiste à confier au patronat les économies des travailleurs pour qu'ils puissent les jouer en Bourse, est un véritable jeu de dupes. On nous en vante les mérites ici, mais ils font aujourd'hui la ruine de centaines de milliers de familles outre-Atlantique !

Partager