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- Lutte ouvrière n°2889
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Leur société
Lycée professionnel : réformer pour économiser
Les syndicats de l’enseignement professionnel appelaient à la grève le 12 décembre, pour protester contre la réforme du lycée professionnel qui accueille 37 % des jeunes scolarisés dans le secondaire.
Qu’en est-il des prétendues innovations gouvernementales ? Le renforcement des savoirs fondamentaux en français et en mathématiques, censé se traduire par des groupes à effectifs réduits, sera financé par la suppression d’autres heures d’enseignement. Réapparaissent ainsi les groupes de niveau dont tout enseignant, tout parent et tout lycéen a pu mesurer l’inefficacité. La réforme prévoit également de diminuer les heures d’enseignement professionnel, et d’augmenter le nombre de semaines de stage, en particulier en année de terminale du baccalauréat professionnel. Ces stages, qu’il est très souvent difficile de trouver, sont très peu formateurs, et permettent aux entreprises de bénéficier d’une main-d’œuvre gratuite. Ils seraient désormais rémunérés de 50 à 100 euros par semaine, selon la classe, financés par l’État, pas par les patrons. Des dizaines de formations jugées non-insérantes, ce qui signifie en clair qu’elles ne correspondent pas aux intérêts immédiats du patronat, seraient fermées ; ce serait le cas des filières tertiaires. Mais à coup sûr elles ne seront pas pour autant remplacées par d’autres supposées insérantes. Des milliers de jeunes auront donc une fois de plus du mal à trouver une place dans les filières qui les intéressent. Quant aux professeurs qui y enseignent, ils sont d’ores et déjà sommés de se reconvertir rapidement.
L’enseignement professionnel a toujours eu pour but de fournir au patronat une main-d’œuvre exploitable, et certainement pas de permettre à ces jeunes d’acquérir une culture générale. C’est le mouvement ouvrier à ses débuts, dans les années où il était révolutionnaire, qui a cherché à cultiver les jeunes ouvriers pour leur permettre de comprendre le monde afin de le changer. Mais la nouvelle réforme va restreindre encore davantage cet accès à la culture pour des jeunes qui, en majorité, sont issus des classes populaires, en réduisant par exemple le nombre d’heures consacrées à l’enseignement de l’histoire, ou celles consacrées à l’enseignement des langues.
Chaque réforme permet ainsi au gouvernement de faire des économies d’heures d’enseignement et de personnel. C’est là son objectif principal, que toutes les justifications avancées ont bien du mal à masquer.