Éducation : mesures rétrogrades et zéro moyen13/12/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/12/P6-1_ecole_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C222%2C2362%2C1550_crop_detail.jpg

Leur société

Éducation : mesures rétrogrades et zéro moyen

Blanquer a eu sa réforme du baccalauréat. L’actuel ministre de l’Éducation nationale, Attal, veut sa réforme du collège.

Illustration - mesures rétrogrades et zéro moyen

Il a choisi le lendemain de la publication des résultats de l’enquête internationale Pisa pour faire des annonces qui visent plus à la communication gouvernementale et à sa propre carrière qu’à augmenter les connaissances des élèves.

D’après l’enquête, le niveau baisse par rapport à l’avant-Covid, en France comme dans la plupart des autres pays. Mais la mission ministérielle, lancée il y a deux mois, sur laquelle s’appuie Attal, n’a que peu à voir avec cette enquête. Avec son prétendu « choc des savoirs », il cherche surtout à développer son image de marque de politicien à la fois jeune et adepte du retour aux bonnes vieilles méthodes.

Cinquante ans après la mise en place du collège unique, il annonce la création de groupes de niveau en mathématiques et en français au collège, promettant des cours en petits groupes pour les élèves en difficulté, mais sans annoncer la création des postes supplémentaires qui seraient nécessaires… alors que 2 500 ont été supprimés dans le budget 2024, dont plus de la moitié en primaire.

Au-delà de la rhétorique politicienne, cette décision se traduirait par le développement de classes d’élite et d’autres réservées aux élèves en difficulté, c’est-à-dire par une nouvelle augmentation des inégalités. En lycée professionnel, la promesse de 10 % de temps de français et de mathématiques en plus se ferait en retirant des moyens ailleurs, par exemple en supprimant des temps de cours en présence de deux professeurs.

Attal prétend aussi faciliter les redoublements en primaire en laissant le dernier mot aux enseignants plutôt qu’aux familles. Peu importe si des études contestent l’efficacité à long terme du redoublement sur le niveau scolaire et si les enseignants témoignent que les familles ne s’opposent que rarement aux redoublements : c’est une nouvelle occasion de rendre les parents responsables des défaillances du système.

Ces mesures s’accompagnent d’une énième modification des programmes et de l’augmentation du poids donné à l’examen final dans la note du brevet, quelques années après que Blanquer a fait exactement le contraire pour le bac. Surtout, Attal veut rendre le brevet obligatoire pour accéder en seconde. Les autres élèves seraient orientés vers un an de prépa-lycée : sans moyens nouveaux, celle-ci risque plus d’aboutir à dissuader des jeunes d’aller en seconde qu’à les aider à obtenir le niveau nécessaire.

Au-delà de la démagogie réactionnaire qui l’inspire, ce nouveau « grand plan » ne peut que conduire à renforcer la sélection sociale, dans un système éducatif miné par le manque de moyens. Comme pour ses prédécesseurs, la question du niveau des enfants des classes populaires en mathématiques reste donc bien loin des calculs d’Attal.

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