Ukraine : course aux armes et à la boucherie13/12/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/12/2889.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Ukraine : course aux armes et à la boucherie

Quand Zelensky, le président ukrainien, ne fait pas dire par sa femme que l’Ukraine est « en danger mortel » si l’Occident ne lui fournit pas plus d’armes, c’est en visioconférence qu’il s’adresse aux membres du G7, autrement dit aux grandes puissances impérialistes, pour demander et redemander des armes.

Zelensky s’est rendu aux États-Unis le 12 décembre pour plaider sa cause et en est reparti sans aides financières supplémentaires. C’est qu’avec l’élection présidentielle qui approche aux États-Unis, la majorité républicaine du Sénat vient de refuser de voter les 61 milliards de dollars d’aide, essentiellement militaire, que le président démocrate, Biden, avait initialement promis à l’Ukraine.

Dans le bras de fer entre Biden et les républicains, l’Ukraine ne pèsait de toute façon pas lourd. Et cela souligne que, sans le soutien de la principale puissance de la planète, l’Ukraine n’a aucun moyen de poursuivre la guerre contre la Russie. D’ailleurs, même avec cette aide, la contre-offensive annoncée par Kiev n’a pas eu de résultat probant, puisque la ligne de front semble figée depuis un an. De ce point de vue, les déclarations du chef d’état-major ukrainien, Valeri ­Zaloujny, donnent un reflet à la fois de cette situation, lorsqu’il déclare à l’hebdomadaire britannique The Economist que « nous sommes dans une impasse », et de ce que pensent les généraux ukrainiens.

Il ne faut pas s’étonner que les propos de Zaloujny aient suscité la fureur de l’entourage d’un Zelensky qui a associé sa présidence, et donc son avenir, à une victoire sur la Russie. Cela d’autant plus que, parmi la population ukrainienne, le mécontentement monte et que, à en croire les sondages, de plus en plus de gens ne voient pas d’issue au conflit, voire souhaitent qu’il s’arrête vite. Cela se manifeste de bien des façons : par des manifestations de proches de mobilisés dans les grandes villes, qui réclament leur retour à la maison ; par la reprise de la contestation sociale, avec des grèves même à proximité de la ligne de front, comme pour le versement des salaires parmi les travailleurs des services de l’eau dans deux villes ; par des manifestations contre le manque de chauffage urbain à Odessa…

On ne sait quelle est la profondeur de ce mécontentement, ni jusqu’à quel point il vise Zelensky, son gouvernement et sa politique. Mais l’attitude du général ­Zaloujny, qui peut passer pour opposée au jusqu’au-boutisme guerrier, pourrait s’expliquer aussi par le fait qu’une partie des cercles dirigeants prépare une alternative à ­Zelensky. Que l’armée et son chef se retrouvent ainsi directement aux commandes, avec au moins l’assentiment du parrain américain, rendrait peut-être plus facile à ce dernier de trouver un accord avec la Russie. Mais, que ce soit avec un Zelensky qui resterait en place, ou avec un général qui le remplacerait, il est certain que la population n’a rien de bon à attendre.

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