Les effectifs diminuent depuis des années, tandis que les tournées s’allongent. Les facteurs en congé ou en repos souvent ne sont pas remplacés. Beaucoup d’intérimaires ne restent pas car, sans être vraiment formés, ils doivent faire des tournées que même des anciens ont du mal à boucler. Résultat, certaines restent plusieurs jours sans être distribuées, et les facteurs, en plus de leur tournée régulière, doivent assurer des « sécables », des portions de tournées supplémentaires. Les vélos sont en nombre insuffisant et pas assez entretenus, les batteries tombent souvent en panne.

C’est cette accumulation qui a provoqué la grève. Pendant deux jours, des facteurs ont fait le tour des collègues pendant la préparation des tournées, pour discuter de quoi faire, et la grève a été décidée pour le mercredi 6 décembre. La directrice a dû annuler une réunion et faire le déplacement pour se retrouver devant une dizaine de postiers, surtout des factrices, et leur raconter d’abord qu’il est difficile de trouver des intérimaires en cette saison, car ils sont, dit-elle, monopolisés par Amazon. Or la même expliquait il y a peu que les intérimaires ne restent pas à La Poste parce qu’ils préfèrent être en vacances ! Devant la colère des grévistes, elle a dû promettre des effectifs supplémentaires, en prolongeant notamment le contrat de certains intérimaires.

La directrice pensait que les grévistes allaient ensuite reprendre le travail, mais elle a dû déchanter, car ils étaient bel et bien en grève pour la journée. L’ensemble de la distribution de courrier s’est donc trouvée désorganisée. Contents d’avoir relevé la tête, les grévistes ont conclu cette journée en allant manger ensemble le midi.