Climat : après eux le déluge !13/12/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/12/2889.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Climat : après eux le déluge !

La comédie jouée aux derniers jours de la Cop 28, réunie à Dubaï pour discuter des moyens d’enrayer le réchauffement climatique, illustre la vacuité de ces sommets internationaux.

Comme les précédentes, la Cop 28 devait se clôturer par une déclaration solennelle sur les mesures que les États s’engagent à prendre pour arrêter la marche vers la catastrophe annoncée. Mais l’absence des mots « sortir des énergies fossiles » a déclenché une polémique et imposé une prolongation. Après une nuit de discussions, les négociateurs sont finalement tombés d’accord sur un texte qui appelle à « transitionner hors des énergies fosssiles [...] d’une manière juste, ordonnée et équitable. » Les pays les plus menacés d’une montée des océans, et ceux moins concernés par l’énergie issue du pétrole ou du charbon, ont accusé les pays producteurs de pétrole de protéger leurs intérêts. C’est vrai bien sûr, mais la plupart des indignations qui leur ont répondu sont du théâtre. La ministre Pannier-Runacher défend avant tout la filière nucléaire française. John Kerry, représentant des États-Unis, principal émetteur de gaz à effet de serre par habitant, ne manque pas d’air quand il dénonce « une mascarade […] dictée mot à mot par l’Opep ».

Le réchauffement et le dérèglement climatiques sont des réalités de plus en plus ressenties par des centaines de millions d’êtres humains. Les épisodes de tempêtes ou de sécheresses extrêmes s’enchaînent. Les glaces fondent ici, les nappes phréatiques s’assèchent là. Les rapports scientifiques s’accumulent. Cette réalité n’est plus contestée ou minimisée, comme elle le fut pendant des années sous la pression des grands groupes en situation de monopole. Mais maintenant le réchauffement climatique et la transition énergétique nécessaire pour l’enrayer sont devenus les nouveaux prétextes pour faire accepter les hausses de prix à la population.

C’est ainsi que l’on justifie le déversement de centaines de milliards de dollars ou d’euros de subventions aux industriels des pays riches. Pas un jour ne passe sans une leçon de morale sur « les petits gestes pour l’avenir de la planète » ou l’annonce de mesures punitives contre ceux qui s’obstinent à utiliser leur vieille voiture… faute d’une autre solution.

Or ni ces leçons de morale ni même les milliards versés aux capitalistes n’enrayeront la catastrophe. Comme l’a brutalement formulé en septembre le PDG de Total au climatologue Jean Jouzel invité du Medef : « Je connais l’avis des scientifiques mais, dans la vie réelle, je dois assurer l’approvisionnement au moindre coût. » Autrement dit, c’est ce PDG et ses semblables qui décident et, si la fonte de la banquise permet à Total d’exploiter un nouveau gisement de pétrole dans l’océan Arctique, ce sera tant pis pour les Inuits, les Lapons ou les ours polaires.

Le fond du problème est que ceux qui ont la maîtrise du choix des énergies, comme des modes de production ou de transport, sont les grands groupes capitalistes et les financiers. Ce ne sont même pas les gouvernements et les États, qu’ils soient producteurs de pétrole ou pas, qu’ils soient riches et puissants ou au contraire sous-développés. Même l’introduction de normes contraignantes, de lois ou de taxes n’enlève pas le pouvoir de décision à ceux qui possèdent les capitaux et qui n’agissent qu’en fonction de leurs perspectives de profits à court terme. Le réchauffement climatique ne pourra être enrayé si la propriété privée des moyens de production et la concurrence restent en vigueur.

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