Chanel : la grève, ça marche !13/12/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/12/2889.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chanel : la grève, ça marche !

À l’usine Chanel de Chamant, dans l’Oise, une grève pour les salaires s’est propagée aux Ateliers de Verneuil-en-Halatte et a fait reculer la direction

L’usine de Chamant fabrique des produits de beauté et, à l’appel de la CGT, une centaine de travailleurs s’y sont mis en grève lundi 4 décembre, jour de la dernière réunion sur les salaires. Avec 150 euros brut d’augmentation et 2 000 euros de prime Gilets jaunes, la direction proposait moins que l’an dernier alors que les profits ont augmenté de 14 % et que l’inflation pèse sur le budget des travailleurs.

La colère s’est propagée le lendemain aux Ateliers de Verneuil-en-Halatte (AVH), à quelques kilomètres de Chamant. Dans cette usine qui fabrique des sacs de luxe, la direction ne proposait que 100 euros brut, sous prétexte qu’elle n’est plus qu’un fabricant de Chanel. Mardi 5, plus d’une centaine de travailleurs d’AVH se sont mis en grève pour réclamer les mêmes augmentations qu’à Chamant. En effet cette fable de « fabricant » n’est qu’un artifice pour diviser les travailleurs, car c’est Chanel qui possède AVH.

Au bout de deux demi-journées de grève, la direction a reculé et les grévistes ont obtenu 120 euros d’augmentation et 2 000 euros de prime Gilets jaunes. Ils sont d’autant plus fiers de leur victoire que c’est sans appel syndical qu’ils se sont organisés pour débrayer.

Ces usines appartiennent aux deux frères Wertheimer, classés troisième fortune de France, avec 100 milliards d’euros. L’an dernier, leur fortune a augmenté de 25 %, un gain de plus de deux millions d’euros chaque heure, jour et nuit, sept jours sur sept, produit de l’exploitation de milliers d’ouvriers dans l’Oise et dans le monde. Dans des usines comme Chamant, beaucoup sont contraints à l’intérim, les chefs réunissent les travailleurs chaque matin pour comparer les chiffres de la veille et mettre les équipes en concurrence… À Verneuil, en décembre, les travailleurs ont enchaîné les heures supplémentaires obligatoires avec des semaines de 46 heures, et même des samedis.

Depuis quelques semaines, les discussions se multipliaient et le mécontentement montait. Les grévistes de Chamant n’ont pas encore gagné, mais sont fiers d’avoir redressé la tête et d’avoir entraîné Verneuil. À AVH, les travailleurs ont remporté une victoire contre la direction de Chanel et, de plus, ils ont fait l’expérience de s’organiser eux-mêmes. Beaucoup font remarquer que la grève permet de discuter, que se retrouver nombreux et découvrir des collègues fait du bien, notamment des jeunes qui ne se laissent pas faire !

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