La Chine et l’OMC : poker menteur entre capitalistes14/12/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/12/LO2524.jpg.445x577_q85_box-0%2C15%2C189%2C259_crop_detail.jpg

Dans le monde

La Chine et l’OMC : poker menteur entre capitalistes

Depuis le 11 décembre, la Chine est officiellement considérée comme une « économie de marché » par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cela marque la fin d’une période de transition de quinze ans, depuis son adhésion à cette organisation en 2001, pendant laquelle ses partenaires commerciaux pouvaient appliquer légalement des taxes aux produits que la Chine exportait, sous prétexte que l’État chinois manipule les prix et subventionne l’industrie.

En Europe et aux États-Unis, une partie des dirigeants politiques refusent d’appliquer cette clause, laissant entendre que les produits chinois à bas coût vont déferler sur le monde. Aux États-Unis, Trump a menacé au cours de sa campagne de porter les taxes sur les produits chinois à 45 %. En mai dernier, le Parlement européen s’est opposé à la levée de ces mesures protectionnistes. La position des députés souverainistes, comme Le Pen ou Mélenchon, rejoint les intérêts de certains industriels, ceux de l’acier ou de l’aluminium, par exemple, qui sont en concurrence avec la production chinoise, vendue à bas prix pour cause de surproduction en Chine. Il y a actuellement 37 mesures protectionnistes européennes contre l’acier chinois. Désormais, la Chine pourrait attaquer l’Union européenne devant les tribunaux d’arbitrage de l’OMC.

Il faut un sacré culot pour prétendre qu’accorder à la Chine cette clause mettrait en péril l’industrie américaine ou européenne en offrant à l’industrie chinoise « un permis illimité de dumping », selon les mots d’un porte-parole d’industriels européens. Depuis la réintégration de la Chine dans le marché mondial au début des années 1980, puis son adhésion à l’OMC en 2001, ce sont au contraire les puissants groupes occidentaux qui ont exploité les travailleurs chinois sous-payés pour assembler les produits comme l’iPhone ou qui ont vendu leurs automobiles et leurs avions dans un marché en pleine expansion.

Quand les capitalistes de l’aluminium invoquent la menace des industriels chinois « qui reçoivent des subventions de l’État et ne respectent pas les normes sociales ou environnementales qu’on nous impose ici », c’est avant tout pour justifier les sacrifices qu’ils veulent imposer à leurs propres salariés. Mais les capitalistes européens et américains touchent eux aussi des milliards d’euros de crédit d’impôt ou d’aide à la recherche de la part de leurs États respectifs !

En quinze ans, l’industrie de la Chine s’est certes développée, devenant le premier exportateur mondial avec un PIB multiplié par huit. Même si son économie reste largement subordonnée aux puissances impérialistes, certains de ses secteurs concurrencent désormais leurs homologues occidentaux. Cela explique largement pourquoi les représentants politiques de ces capitalistes se saisissent de cette échéance pour montrer leurs muscles et tenter d’imposer un compromis en leur faveur. Les travailleurs n’ont rien à gagner à s’aligner derrière eux.

Partager