Air France : la direction recule14/12/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/12/p_14_manif_Air_France_C_LO.JPG.420x236_q85_box-0%2C0%2C800%2C450_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air France : la direction recule

À Air France, beaucoup croyaient ou voulaient faire croire que seuls les pilotes avaient la capacité de faire reculer le patron. À la maintenance, la preuve vient d’être faite que, quand plusieurs centaines de salariés se mobilisent, toutes catégories confondues, et sont déterminés à ne pas céder, ils peuvent forcer le patron à remballer ses attaques.

Illustration - la direction recule

En effet la direction, qui voulait filialiser la maintenance, vient d’annoncer qu’elle y renonce. Depuis l’annonce début novembre du nouveau plan Trust Together de la direction, comportant entre autres le projet de filialisation, les réactions spontanées se sont succédé. Elles ont touché différents secteurs de la maintenance (DGI), et plusieurs sites, Orly-Villeneuve, Roissy, Toulouse, où sont employés les 8 500 travailleurs de la DGI. La dernière réaction a été la journée d’action du 8 décembre, appelée pour faire entendre le mécontentement de toute la DGI. Sa réussite a été d’autant plus notable que certains syndicats à Roissy (la CGT, le SNMSAC, la CFDT) avaient refusé de s’y associer, et qu’à Orly il a fallu pousser CGT, CFDT, UNSA, FO, pour qu’elles finissent par se rallier au rassemblement et à la manifestation.

Depuis la journée du 8 décembre, des autocollants « Non à la filialisation », « Non aux salaires low cost », ont fleuri sur les bleus et même sur les tenues de certains cadres, quelques-uns ayant participé à la grève.

La maintenance d’Air France compte 14 000 travailleurs dans le monde, dont 8 500 en France. Ce secteur de maintenance est numéro deux dans le monde, derrière Lufthansa Teknik, avec un chiffre d’affaires de quatre milliards d’euros en 2015, en progression de 18 %. C’est donc un secteur extrêmement rentable et la direction, avec son projet, voulait en tirer encore plus de profits.

Tous les syndicats n’étaient pas à l’initiative du mouvement du 8 décembre, certains affirmant qu’il fallait attendre le comité d’entreprise (CE) et le CCE des 15 et 16 décembre pour faire quelque chose, et donc s’étant mis aux abonnés absents. Mais la direction ne s’y est pas trompée et, devant la colère des travailleurs, elle a compris que son projet n’allait pas passer.

Le 15 décembre, jour où l’intersyndicale (CGT, FO et SUD) appelle à protester et à faire grève contre le projet Trust Together, devrait être une bonne occasion de redire à la direction que les travailleurs ne veulent ni de la filialisation de la maintenance, ni des autres attaques contre les travailleurs du fret, contre les travailleurs des escales aéroportuaires, contre les navigants, hôtesses, stewards et pilotes que contient Trust Together. Alors oui, c’est « grève Together » !

À Roissy

Le 8 décembre, trois rassemblements ont réuni 450 grévistes dans l’équipe du matin au CMH (mécaniciens de piste à l’aéroport), à Hélios (atelier de structures plasturgie et chaudronnerie) et à la DGI (entretien avions et moteurs, avionique, services logistique). Et l’après-midi 270 travailleurs des mêmes secteurs ont fait aussi une heure de grève.

Tout le monde était bien déterminé à montrer le refus d’une filialisation de la maintenance et des conséquences néfastes qu’elle entraînerait. Chacun portait des autocollants « Non à la filialisation », « Non aux salaires low cost » et, face au plan du patron Trust Together on entendait : « Grève Together ».

À Orly

Après différents mouvements (débrayages et délégations dans certains secteurs), la journée du 8 décembre a été un franc succès. Un premier rassemblement de 400 travailleurs devant le building d’Orly Nord (locaux administratifs), tous services confondus, a été rejoint par ceux de l’usine voisine Éole à Villeneuve-le-Roi, qui fait aussi partie de la DGI. De là, un cortège de près de 700 travailleurs, massif et dynamique, s’est dirigé vers l’aérogare d’Orly-Ouest. Beaucoup étaient là pour la première fois, et les plus anciens rappelaient que depuis longtemps il n’y avait pas eu tant de monde.

Des distributions de tracts aux passagers ont permis des discussions, et le cortège dense scandant « Non à la filialisation » a plutôt été bien perçu par les personnes présentes. Sur le site, l’accueil des travailleurs en activité fut chaleureux. Un rassemblement très vivant, dans le hall de départ des navettes Air France, a clôturé la manifestation, les travailleurs présents étant très satisfaits d’avoir participé à cette journée.

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