Cuba : les capitalistes sont déjà dans la place14/12/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/12/LO2524.jpg.445x577_q85_box-0%2C15%2C189%2C259_crop_detail.jpg

Dans le monde

Cuba : les capitalistes sont déjà dans la place

Trump et le Congrès vont-ils mettre fin à ce qui reste de l’embargo sur Cuba ? Dans un tweet postérieur à la mort de Fidel Castro, comme durant sa campagne, Trump menace au contraire de revenir en arrière sur les récents accords d’ouverture.

Depuis l’assouplissement de l’embargo en 2009, les États-Unis ont commencé à combler leur retard sur leurs concurrents espagnols ou chinois, devenant ainsi les premiers fournisseurs de biens alimentaires à Cuba. Aujourd’hui, un homme d’affaires américain arrivé à la Havane par un vol d’United Airlines peut s’installer dans le très prestigieux hôtel Inglaterra, tombé récemment entre les mains du groupe Starwood, et peut utiliser pour son business le nouveau réseau AT&T.

Tourisme, mais aussi industrie pharmaceutique de pointe, construction et travaux publics, industrie minière et prospection pétrolière dans le golfe du Mexique : les capitalistes américains sont pressés de revenir, car l’embargo a favorisé la concurrence. Depuis les années 1990, la plus grosse partie des réserves de nickel de Cuba, parmi les plus importantes du monde, ainsi que celles de cobalt, sont exploitées en joint-venture avec l’État par un groupe canadien, Sherritt International, malgré l’embargo américain et les sanctions. Plus récemment, des groupes espagnols et français ont également profité de l’opportunité pour marquer des points. Accor multiplie déjà les complexes hôteliers, qu’il fait construire par Bouygues. Ce dernier vient de rafler le chantier du futur agrandissement de l’aéroport José-Marti à la Havane. Quant à Pernod Ricard, il a mis la main sur le rhum Havana Club, qu’il peut commercialiser dans le monde entier.

L’État cubain de son côté fait tout son possible pour attirer les capitalistes étrangers. Début novembre, lors d’un premier forum réservé aux investisseurs, le ministre cubain du Commerce et des Investissements extérieurs a présenté une liste de près de 400 projets dans lesquels les capitalistes pourraient gagner de l’argent. Plusieurs zones franches ont été ouvertes, avec exonération de l’impôt sur les bénéfices et des droits de douane, dont la plus importante autour du port en eaux profondes de Mariel, récemment construit près de La Havane, encore sous-utilisé mais dont le gouvernement espère faire le grand port d’accès au canal de Panama. CMA-CGM est déjà sur place pour la logistique, Unilever y construit une usine de produits cosmétiques.

Alors, il est bien possible que Trump ne reste pas insensible aux pressions des capitalistes qui lorgnent sur le marché cubain. Même si, pour cela, il devait tourner le dos à une de ses promesses de campagne.

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