États-Unis : retournement d’alliances pour la même politique impérialiste22/04/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/04/2438.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : retournement d’alliances pour la même politique impérialiste

Le sommet des Amériques qui s’est tenu à Panama les 10 et 11 avril a été l’occasion d’une opération de séduction de Barack Obama à destination des États d’Amérique latine qui composent la sphère d’influence de l’impérialisme nord-américain depuis un siècle.

Le clou du sommet a été la poignée de mains échangée entre Obama et Raùl Castro, le dirigeant de Cuba. Après cinquante-cinq ans d’embargo et de mise en quarantaine de cette île des Caraïbes, théâtre d’une révolution nationaliste et populaire en 1959, mais qui n’ont pas réussi à soumettre le régime castriste, les États-Unis ont changé de politique. À présent ils renouent avec Cuba, et vont probablement mettre fin à l’embargo. De grandes entreprises américaines n’attendaient que cela depuis des années pour faire des affaires sans entraves avec cette île.

L’embargo de Cuba posait aussi des problèmes à l’impérialisme américain dans ses relations avec les autres États de la région. Bien des pays d’Amérique latine ne se soumettent à la tutelle des États-Unis que de mauvaise grâce. L’exclusion de Cuba des précédents sommets des Amériques était mal vécue. À chaque fois des protestations s’élevaient, et pas seulement de la part du Venezuela allié de Castro.

Ce nouveau cours de la politique extérieure américaine est incarné par un Obama en fin de mandat, qui ne peut pas se représenter à la prochaine élection présidentielle. Mais il doit faire face aux critiques des politiciens républicains, qui eux concourent pour occuper la Maison-Blanche en 2016 en se démarquant de lui, et à celle d’une partie de l’opinion américaine influencée par de longues années de propagande anticastriste.

Obama explique donc à présent l’inverse que ce que ces prédécesseurs, républicains ou démocrates, n’ont cessé de prétendre : « Avec leur puissance écrasante [les États-Unis peuvent se permettre] de prendre des risques calculés. Il n’y a pas grand risque pour nous à tester la possibilité d’une ouverture [vers Cuba]. C’est un pays minuscule qui ne menace pas nos intérêts fondamentaux. »

La politique américaine vis-à-vis de l’Iran est aussi en train d’évoluer. Les États-Unis lui imposaient une forme de boycott depuis la mise en place du régime des ayatollahs en 1979, avec sanctions économiques. À présent qu’il en a besoin pour empêcher les djihadistes de conquérir un Irak en pleine déliquescence, Obama souhaite pouvoir s’appuyer sur l’Iran. Là aussi, il prend le contre-pied de l’habituelle propagande en déclarant : « Le budget militaire de l’Iran est de 30 milliards de dollars. Le nôtre est plus près de 600 milliards. L’Iran sait qu’il ne peut pas nous combattre. » C’est une évidence… qui n’a pas empêché les dirigeants américains de dire le contraire pendant plus de trente ans.

Obama essaye donc par la diplomatie d’améliorer la position des États-Unis, notamment là où la politique passée de l’impérialisme américain avait fini par lui causer plus de problèmes que d’avantages. Mais ce prix Nobel de la paix ne renonce pas pour autant à lancer son armée dans des guerres. L’intervention en Irak et Syrie le montre, ainsi que l’implication américaine dans la guerre au Yémen.

Pendant qu’il tâche d’un côté d’éteindre les incendies qu’il a allumés depuis des décennies, de l’autre la politique de l’impérialisme américain continue à contribuer au chaos des années à venir.

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