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- Lutte ouvrière n°2438
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Leur société
Armement : des industriels très chouchoutés
Le Drian et Macron, chargés respectivement de la Défense et de l’Économie au gouvernement, se sont accordés pour faire un nouveau beau cadeau aux industriels de l’armement, au moyen d’un montage juridico-financier taillé sur mesure.
Sous l’appellation « création de sociétés de projet en vue de la cession bail de matériel militaire », ce volet de la loi Macron – que les députés ont déjà approuvé – prévoit une opération un peu compliquée à suivre, mais d’un joli rapport pour les principaux intéressés.
Il s’agit de faire que certains avions et navires de guerre, commandés et parfois déjà livrés à l’armée, soient revendus par cette dernière… aux groupes industriels qui les ont construits. Un simple aller-retour ? Que non. D’abord, les sociétés concernées n’acceptant, on s’en doute, de racheter leur matériel qu’à un prix moindre que le prix initial, elles empocheraient la différence. Et, dans un deuxième temps, ces mêmes sociétés seraient autorisées à proposer à nouveau leur matériel à l’armée de l’air ou à la marine. Mais cette fois, ce serait sous forme de location, et au prix fort. Selon des informations ayant filtré dans les médias, les industriels de l’armement n’accepteraient d’entrer dans le jeu que s’il leur rapportait du 4 à 5 %.
Les initiateurs de ce projet, qui porte sur plusieurs milliards, affirment qu’il permet de réduire – à court terme, mais pas à long terme, ce qui n’est pas précisé – l’endettement de l’État. En effet le gouvernement ne ferait figurer dans ses dépenses que le montant du loyer, et non pas de l’achat de ces armements. Mais la ficelle est si grosse que Sapin, ministre du Budget, s’opposerait à ce projet, de crainte que les autorités européennes ne le considèrent comme un vulgaire tour de passe-passe.
En tout cas, on voit déjà que ce que le gouvernement propose aux fabricants d’armes leur rapporterait bien plus que l’inflation, et sans risque ni effort, sinon celui de se donner la peine de signer des contrats avec l’État.
Voilà un État vraiment bon garçon, puisqu’il accepte une nouvelle fois de se dépouiller lui-même en faveur de grands groupes privés. Il en a même tellement pris l’habitude, sous ce gouvernement socialiste également, que c’est devenu une routine.