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- Lutte ouvrière n°2438
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Dans le monde
Un sommet d’hypocrisie ordinaire
Comme après chaque naufrage en Méditerranée, les chefs d’État européens se sont succédé pour annoncer, le ton grave, qu’ils devaient se réunir et agir ensemble, de sorte que de tels drames ne se reproduisent pas. Et, comme à chaque fois, rien de bon pour les migrants ne sortira de ces palabres.
Une mesure humanitaire d’urgence s’imposerait : celle d’organiser une flotille de secours capable de sauver immédiatement les migrants en perdition. La marine italienne est déjà expérimentée dans ces opérations de sauvetage, la flotte française basée à Toulon pourrait s’y ajouter, et en quelques heures un dispositif efficace pourrait entrer en action.
Les ministres des Affaires étrangères qui étaient réunis au Luxembourg lundi dernier pouvaient le décider. Eh bien non ! On a appris que l’ONG Médecins sans frontières allait intervenir à la mesure de ses moyens, mais les Hollande et les Merkel, qui se disent bouleversés par le drame, ne l’ont même pas imaginé.
Annuellement, autour de 200 000 migrants tentent d’entrer illégalement en Europe. Pour un continent de 500 millions de personnes et pour une des régions les plus riches de la planète, les accueillir légalement ne devrait pas être un problème insurmontable. Il l’est pour les Merkel, les Hollande et autres dirigeants européens, car ils ne conçoivent pas d’autre politique que celle de servir les riches.
Ils trouvent toujours utile de sauver les familles bourgeoises quand elles se sont fourvoyées en affaires. Ils justifient le sauvetage des banquiers et des spéculateurs. Mais secourir les pauvres, accueillir des étrangers en détresse par la faute de leur politique, c’est pour eux un fardeau trop lourd à porter !
Alors, il y a fort à parier que les dirigeants européens laisseront pourrir la situation et continueront de se renvoyer la balle pour accueillir les quelques demandeurs d’asile qui auront réussi à mettre un pied en Europe.
Les discussions de ce sommet tourneront, non pas sur le sauvetage des migrants, mais sur les moyens de les bloquer au départ, c’est-à-dire en Libye. Matteo Renzi, le président du Conseil italien, a déjà émis l’idée de détruire les bateaux sur les côtes libyennes et il étudie la possibilité d’interventions ciblées à l’encontre des passeurs. Hollande, dans un registre tout aussi guerrier, déclare vouloir combattre les passeurs, accusés d’être des terroristes.
Autant dire que les dirigeants européens ne changeront pas une ligne à leur politique migratoire restrictive et répressive, continuant à faire le bonheur des passeurs qu’ils prétendent combattre, et le malheur des migrants en quête d’un refuge.