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Dans le monde
Naufrages en Méditerranée : le crime des dirigeants européens
Selon le dernier bilan établi à partir des témoignages des 28 survivants, le naufrage d’un chalutier, dimanche 19 avril, au large de la Libye, aurait fait non pas 700 morts mais au moins 800.
À bord, enfermés dans la cale, il y aurait eu de nombreux enfants, des femmes et des hommes piégés, lorsque le bateau a chaviré sous l’effet d’un mouvement de foule alors qu’approchait un cargo portugais. Pour l’essentiel, il s’agissait de Syriens. Ils sont allés d’un enfer à un autre.
Les dirigeants européens dénoncent « une des pires catastrophes », « un drame humanitaire ». Comme s’ils ne s’y attendaient pas et comme s’ils ne pouvaient rien y faire ! Cela fait un an et demi qu’il y a des milliers de morts en Méditerranée. Depuis quelques semaines, l’intensification du trafic au départ des côtes libyennes était notoire et les naufrages se succédaient. Volontairement, les dirigeants de l’Union européenne ont choisi de laisser mourir les migrants en mer.
Car l’UE dispose de tous les moyens de sauvetage nécessaires. Entre octobre 2013 et octobre 2014, l’Italie seule, en quadrillant une large zone, aurait sauvé près de 150 000 vies avec son dispositif Mare Nostrum. C’est en connaissance de cause que l’Union européenne a refusé de participer à cette opération et l’a remplacée par une simple opération de surveillance appelée Triton, trois fois moins coûteuse.
Mais ce n’était pas qu’une question de coût, c’était aussi une question de principe. L’opération Mare Nostrum était accusée de causer un appel d’air et d’encourager les traversées. Autrement dit, il fallait laisser les migrants se noyer, pour les décourager de toute tentative. Pour les dirigeants européens, l’objectif n’était pas, et n’est toujours pas de sauver des vies.
La politique migratoire de l’Union européenne est à l’image de sa politique impérialiste : priorité aux affaires et aux calculs politiques, et pas de pitié pour les peuples. Autant dire que ce n’est pas la mort de quelques milliers de pauvres en Méditerranée qui empêchera ses dirigeants de dormir.