Rachats d’actions : un cannibalisme financier qui menace toute la société22/04/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/04/2438.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Rachats d’actions : un cannibalisme financier qui menace toute la société

Les grands groupes industriels et financiers français pourraient dépenser plus de 15 milliards d’euros à racheter leurs propres actions en Bourse.

Ce montant énorme, qui ira directement dans la poche des actionnaires, serait alors le plus élevé depuis le record de 2007… juste avant le krach financier de 2008. Aux États-Unis, le phénomène a une ampleur telle que, pour l’année 2015, les rachats d’actions pourraient être supérieurs à 1 000 milliards de dollars !

Toutes les déclarations sur le retour attendu de la croissance économique ne valent pas grand-chose. La preuve en est que, dans les faits, les dirigeants d’entreprises ne misent pas spécialement dessus et préfèrent au contraire distribuer les bénéfices aux actionnaires plutôt que de les utiliser pour investir dans la production. Dans le journal économique Les Échos, l’éditorial du mardi 21 avril avouait : « Les grandes entreprises n’ont plus de projets assez excitants pour garder l’argent que les actionnaires leur ont confié. Elles préfèrent le leur reverser. »

Quand une entreprise rachète ses propres actions, elle permet à tous les actionnaires qui le souhaitent d’engranger immédiatement le gain de la hausse de ces actions. De plus, comme les actions rachetées sont détruites, cela augmente la part de bénéfices à laquelle a droit chaque détenteur des actions restantes, ce qui les rend encore plus recherchées et fait monter leur prix. Ainsi, aux États-Unis, le rachat par les entreprises d’une partie de leurs propres actions serait la source d’au moins un tiers de la hausse des bénéfices par action.

Ce cannibalisme financier annonce des hausses du cours des actions qui font, paraît-il, saliver le petit monde des Bourses. Que ces hausses soient totalement déconnectées des réalités de la production signifie un pas de plus dans la fuite en avant de la spéculation.

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