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Groupe Continental : répondre à l’arrogance patronale
350 travailleurs se sont rassemblés samedi 18 avril devant l’hôtel de ville de Compiègne, à l’appel du comité de lutte des travailleurs de Continental Clairoix, six ans après un rassemblement mémorable au même endroit, au début de la lutte contre la fermeture et les licenciements.
Il s’agissait de répondre à la provocation de la direction du groupe qui, pour rompre le semblant de négociation qu’elle avait ouvert, a fait transmettre au comité des propositions honteuses.
La direction de Continental à Hanovre avait décidé de se porter en cassation contre le jugement de la cour d’appel d’Amiens. Celle-ci l’avait condamnée pour licenciements illégaux à verser 29,3 millions à 685 ex-salariés de Clairoix (40 000 euros de moyenne) et avait considéré que la filiale française était une fiction, le véritable employeur étant Continental AG. Les travailleurs de Clairoix ont manifesté pour exiger le retrait de ce pourvoi.
Le 9 mars à Francfort, le représentant de la direction du groupe a dit vouloir trouver « un accord équitable », mais cela s’est révélé un leurre ne visant qu’à gagner du temps avant l’assemblée générale des actionnaires prévue à Hanovre le 30 avril. Celle-ci en effet devrait annoncer l’augmentation de 95 % des dividendes en deux ans, les 8 millions de revenus du PDG, 12 milliards de liquidités en attente d’affectation, des résultats en forte augmentation prévus encore pour 2015. Les fermetures d’usines et les milliers de licenciements en France, en Allemagne, en Tunisie, la chasse aux salaires partout, ont fait s’envoler le cours de l’action Continental qui a été multiplié par 25 depuis 2009.
Pour clore la prétendue négociation, l’avocate du groupe a fait transmettre la demande suivante : que les salariés disent quelle part de ce qu’ils avaient touché ils seraient disposés à rendre à Continental pour que le groupe réfléchisse à un éventuel retrait de son pourvoi devant la cour de cassation. Le comité et les travailleurs avec lui ont considéré cela comme une insulte et une provocation.
Malgré le fait d’avoir été condamnés sept fois pour l’illégalité des licenciements auxquels ils ont procédé depuis 2009, les dirigeants du groupe Continental AG s’acharnent à contester les décisions judiciaires, sans trop d’espoir de succès, de leur propre aveu. Ils voudraient faire oublier qu’ils ont dû céder à la suite de la lutte de ceux de Clairoix en 2009. Le recul imposé alors a encouragé les travailleurs du groupe à revendiquer, par exemple à Sarreguemines, à Toulouse, et en Allemagne à l’usine de Regensburg, encore plus grande. On a assisté à une certaine résistance des travailleurs aux attaques dans différentes usines en Allemagne. Le groupe a dû reculer, et a même été condamné à réintégrer les ouvriers licenciés par une décision du tribunal du travail de Dortmund.
Les travailleurs de Clairoix ont décidé d’aller s’adresser à leurs camarades des usines allemandes de Continental le 3 juin prochain, pour affirmer la solidarité nécessaire entre les travailleurs de France, d’Allemagne et d’ailleurs.