À propos du PCF : même pas la reconnaissance du ventre22/04/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/04/2438.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

À propos du PCF : même pas la reconnaissance du ventre

Interrogé le 19 avril sur la montée du FN dans l’électorat populaire, Hollande a comparé la propagande de Le Pen à un « tract du Parti communiste des années soixante-dix », ajoutant tout de même que, au moins, le PCF ne réclamait pas l’expulsion des étrangers. Ce n’est pas un dérapage, ni une erreur de langage, car la formule a été répétée trois fois et argumentée.

Il est exact que le PCF avait lancé à l’époque une campagne sur le « produire français » pour, disait-il, sauvegarder les emplois. Cette campagne, comme beaucoup d’autres avant et depuis, avait contribué à développer le nationalisme dans la classe ouvrière, l’idée fausse et nuisible que les frontières peuvent servir à protéger les travailleurs. Il est exact également que, sur ce terrain, le FN n’a eu qu’à moissonner des terres que d’autres avaient labourées. D’autres, mais pas seulement le PCF, car les socialistes n’ont jamais été en reste sur la question, et pas seulement le pitre Montebourg avec sa marinière. Dans la même émission où il risquait sa comparaison injurieuse pour les militants du PCF, Hollande a proféré les habituelles tirades sur la France éternelle, son destin, son avenir, son unité et autres fariboles tricolores.

La phrase de Hollande révèle en fait un profond mépris pour l’électorat populaire, qu’il soit organisé par le PCF ou qu’une partie soit abusée par le FN. Ce dédain, cette petite phrase préparée avec des conseillers qui n’ont jamais vu un ouvrier ou un militant communiste, pour ne pas parler d’un HLM ou d’un atelier, faite pour plaire au supposé public de Canal plus, est de plus stupide, même de son point de vue.

Car, dans les années 1970 comme en 2012, ce sont ces électeurs populaires là qui, éduqués par le PCF à voter pour le PS au deuxième tour, ont assuré son élection. Mitterrand puis Jospin les ont trompés et découragés, et maintenant leur successeur, Hollande, leur crache à la figure. Il faut espérer au moins que, pour la prochaine fois, cela vaccine quelques électeurs PCF de plus.

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