Belgique : Succès de la mobilisation18/12/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/12/2420.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : Succès de la mobilisation

La mobilisation du 15 décembre qui a eu lieu dans toute la Belgique avait été précédée de plusieurs autres. Ainsi, deux mois plus tôt, les trois centrales syndicales belges avaient appelé à une mobilisation de grande ampleur contre la politique du nouveau gouvernement fédéral dont les Partis socialistes étaient exclus.

Cette nouvelle majorité gouvernementale venait d'annoncer de nouvelles mesures d'austérité contre l'ensemble des travailleurs : recul immédiat de plusieurs années de l'âge possible des prépensions, recul progressif de 65 à 67 ans de l'âge de la retraite, non-indexation des salaires et pensions pendant un an, ainsi que de nombreuses autres mesures portant atteinte à la Sécurité sociale et aux services publics.

Une autre manifestation avait également eu lieu le lundi 6 novembre à Bruxelles, suivie de trois autres lundis de grèves tournantes dans les provinces wallonne et flamande. Et enfin, ce fut la grève générale du 15 décembre dans l'ensemble du pays.

Après la manifestation du 6 novembre qui avait entraîné 120 000 personnes, il est bien difficile d'évaluer le nombre de participants aux mobilisations qui ont suivi. Les directions syndicales ont privilégié le blocage de zones industrielles et commerciales, le blocage de bretelles d'autoroutes et des piquets devant quelques grandes entreprises, par les seuls militants. Tout était fait pour que les travailleurs soient dissuadés de se déplacer, ceux qui auraient voulu travailler... mais aussi les grévistes.

Avec une grande majorité des travailleurs syndiqués et des dizaines de milliers de militants syndicaux mobilisés, le bras de fer des syndicats contre le gouvernement et le patronat est une réussite. Pour les dirigeants syndicaux, notamment Marc Goblet, secrétaire général de la FGTB : « Notre objectif n'est pas de faire tomber le gouvernement mais de relancer la concertation. » Et, a-t-il poursuivi, « si on ne parvient pas à s'entendre, on redéfinira un plan d'action à partir du mois de janvier. La capacité de mobilisation est là. »

Pour le moment, le gouvernement ne semble pas vouloir faire une quelconque concession, même pas de pure forme. Soutenu par le patronat, le nationaliste flamand Bart De Wever donne le ton : « Il faut éviter d'augmenter la pression fiscale. Si un euro de gain de la taxation sur les plus-values est un euro de moins dans le coût salarial, je suis ouvert à ce débat. » Donc, pas un euro pris dans la poche des fortunés, c'est aux travailleurs et retraités de payer !

Les travailleurs ont montré qu'ils pouvaient se mobiliser, le patronat montre qu'il ne veut pas céder. Alors, il n'y a pas d'autre choix que d'accentuer la mobilisation si l'on refuse que l'avenir soit au chômage, aux bas salaires, aux retraites encore plus basses, à la Sécu au rabais, aux services publics dégradés.

Que décideront les directions syndicales ? Les travailleurs ne le savent pas, et ce n'est pas à eux que les syndicats s'adressent pour décider de la suite. Pas plus qu'ils ne définissent avec les travailleurs les revendications pour lesquelles ils sont prêts à se mobiliser, à faire grève, à manifester.

Les appareils syndicaux ont aussi leurs propres raisons pour s'opposer au gouvernement fédéral, des ministres ayant évoqué la possibilité de leur enlever la gestion de la distribution des indemnités de chômage. Mais ce qui intéresse d'abord les travailleurs, c'est la suppression du chômage. C'est aussi l'augmentation des salaires et des pensions, qui ne pourra être imposée que par une mobilisation bien plus forte.

Pour garantir le succès de nouvelles mobilisations, il faut non seulement que les travailleurs soient certains que leurs dirigeants poursuivent les mêmes objectifs qu'eux et qu'ils ne les lâcheront pas en cours de route, comme cela s'est fait si souvent, mais surtout qu'ils puissent décider eux-mêmes de leurs revendications et de leur organisation.

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